Festival Amwaj met en lumière un podcast qui brise les tabous de la santé mentale
L’Institut français de Casablanca a clos, le 7 décembre 2025, la deuxième édition du Festival Amwaj, confirmant sa place comme un événement phare pour les amateurs de podcasts et d’arts sonores. Organisé du 4 au 7 décembre en partenariat avec l’association française Longueur d’Ondes (Brest) et le studio indépendant Les Bonnes Ondes, le festival a reflété la dynamique croissante du paysage sonore au Maroc et dans l’ensemble de la région méditerranéenne.
Pendant quatre jours, le public a suivi un programme dense mêlant tables rondes, écoutes collectives, performances artistiques, expositions et rencontres musicales. Plus de cinquante intervenants marocains et français ont débattu l'évolution de la création sonore et exploré ses enjeux esthétiques et sociaux contemporains.
Parmi les temps forts, un projet sonore a particulièrement retenu l’attention : le podcast "Des bruits de soi", présenté par le créateur "Impatient Tranquille", l’un des participants de cette édition. Selon l’artiste, sa présence au festival n’était pas symbolique mais constituait une occasion de partager une expérience personnelle profonde, disponible sur la plateforme Les Bonnes Ondes de "Mehdi El Kindi", ainsi que sur Spotify et toutes les plateformes d’écoute.
Dans un entretien accordé à la presse, "Impatient Tranquille" a souligné l’importance croissante de ce rendez-vous culturel, qui cherche progressivement à faire connaître le podcast au Maroc, en Tunisie et dans d’autres pays de la région et à contribuer au développement de ce secteur en pleine expansion. Il a salué la richesse et la diversité de la programmation, composée de séances d’écoute collective, tables rondes et moments d’échange entre professionnels du son des deux rives de la Méditerranée. Il a également mentionné la participation de Reda Allali de Radio Maarif, renforçant le caractère collaboratif et professionnel du festival.
Le podcast "Des bruits de soi" se distingue par une écriture sonore immersive, mêlant bruitages, sound design, paysages sonores et musique, offrant un témoignage intime sur la santé mentale, et plus précisément sur le trouble bipolaire de l’auteur. "Impatient Tranquille" a insisté sur l’objectif principal de son œuvre : briser les tabous entourant la santé mentale, espérant que son travail constitue « la première fissure dans ce mur gigantesque » de silence, de stigmatisation et de représentations erronées.
Dans le cadre de ses expériences internationales, il a déclaré : "Je suis vraiment fier de trois diffusions qui m’ont été proposées à l’étranger. La première, en Suisse, pionnière sur les questions de santé mentale, où Le Labo sur RTS accueille des créations sonores singulières et non formatées, ce qui m’a beaucoup honoré. Ensuite, Jérôme Massela m’a contacté pour diffuser mon travail dans Le Voyage Radiophonique, sur une trentaine de radios associatives en France. Enfin, j’ai été invité au festival Longueur d’Ondes à Brest, l’un des grands rendez-vous du podcast en France."
Cette édition a également mis un accent particulier sur la formation et le partage de compétences, offrant aux jeunes créateurs des ateliers et des parcours pédagogiques pour favoriser l’émergence de nouvelles voix dans le domaine du podcast. La programmation éducative, destinée aux élèves et au jeune public, a visé à développer la culture de l’écoute et la sensibilisation aux pratiques sonores.
Parmi les autres moments forts figurent l’intervention du journaliste international Omar Ouahmane sur les transformations géopolitiques au Moyen-Orient, le débat mené par l’artiste visuel M’Barek Bouhchichi et la podcasteuse Nawal Benali sur la représentation des communautés noires en Afrique du Nord, la journaliste Sonia Kronlund dévoilant les coulisses de son émission emblématique Les Pieds sur Terre, ainsi qu’une session dédiée à l’amour entre Khtek et Anissa Rami pour ARTE Radio.
La programmation a également célébré l’identité amazighe à travers une installation sonore de Badr El Hammami et une performance innovante réunissant Raskas & Ahwach Bnat Louz par le collectif Tekchbila, un mariage audacieux entre musique traditionnelle et expérimentation électronique.
En clôturant cette deuxième édition, le Festival Amwaj a confirmé sa capacité à créer un espace vivant de dialogue, de créativité et d’expérimentation, tout en consolidant la place du podcast comme forme majeure d’expression artistique dans le paysage culturel de Casablanca.
Par Abdelkader El Fatouaki
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