Football Leaks : le PSG et Manchester City au coeur de nouvelles révélations
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- 03 novembre 2018 --
- Sport
Les « Football Leaks » font de nouvelles victimes. Selon de nouvelles informations sur les dessous du foot-business, le PSG, Manchester City mais aussi l'UEFA et le président de la Fifa Gianni Infantino ont de quoi s'inquiéter. Les deux clubs parisien et anglais auraient ainsi été couverts par l'UEFA afin de pouvoir contourner les règles du fair-play financier. Selon cette enquête, qui s'appuie sur « plus de 70 millions de documents » analysés « pendant huit mois par 80 journalistes de quinze médias européens (regroupés dans le collectif EIC) », l'UEFA aurait « en connaissance de cause aidé les clubs (PSG et City) à maquiller leurs propres irrégularités, pour des 'raisons politiques ».
Pour rappel, le fair-play financier (FPF), règle édictée par l'UEFA, interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu'il ne gagne en propre. Les sanctions peuvent aller du simple blâme jusqu'à l'exclusion des compétitions. L'enquête de « Football Leaks » dénonce, entre autres, un contrat « douteux » qui porterait « sur 1,075 milliard d'euros promis sur cinq ans au PSG par l'Office du tourisme du Qatar (QTA), soit 215 millions d'euros par an » alors « que deux cabinets d'audit missionnés par l'UEFA ont valorisé ce contrat à... 123 000 euros par an pour l'un, et 2,8 millions d'euros par an pour l'autre ». Soit « entre 77 et 1 750 fois moins que le montant affiché ».
Quel rôle pour Nicolas Sarkozy ?
Mediapart calcule ainsi que le Qatar, propriétaire du PSG, aurait injecté « 1,8 milliard » dans le club depuis sept ans. Et Abou Dhabi (propriétaire de Manchester City) aurait « apporté la somme hallucinante de 2,7 milliards d'euros au club en sept ans, grâce à son actionnaire et à des contrats de sponsoring surévalués ». Gianni lnfantino, à l'époque N.2 de l'UEFA présidée par Michel Platini, aurait « négocié directement un accord avec Manchester City, en court-circuitant (...) l'organe d'enquête interne théoriquement indépendant ». Gianni Infantino aurait ainsi envoyé un mail aux dirigeants de City avec « un beau cadeau »: « 20 millions d'amende ferme au lieu de 60. Les 40 millions restants ne seront dus que si le club ne revient pas à l'équilibre financier à l'avenir ».
Le Paris SG « s'est toujours strictement conformé aux lois et réglementations en vigueur et dément fermement les allégations publiées ce jour par Mediapart », indique le club vendredi soir, après des révélations des Football Leaks qui l'accusent d'avoir gonflé ses revenus grâce à des « contrats fictifs ». Le contrat avec l'Office de tourisme du Qatar (QTA) « est connu de l'UEFA et du grand public depuis 2014. En 2014, l'UEFA a confirmé que notre contrat avec l'office du tourisme du Qatar assurait la promotion et le rayonnement du pays », assure le club. « Le principe de ce contrat est simple: aujourd'hui, les résultats positifs du PSG sont systématiquement associés au Qatar et profitent directement à son image. Depuis la mise en place du fair-play financier, le Paris Saint-Germain a été l'un des clubs les plus audités et les plus surveillés de l'histoire », enchaîne le PSG dans son communiqué.
Un mail dont serait en copie Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, « fervent supporter du PSG, habitué du Parc des Princes et grand ami du Qatar » mais qui aurait « aussi aidé, dans le plus grand secret, son rival, voisin et ennemi d'Abou Dhabi » dans ses démêlés avec le FPF. « En sa qualité d'avocat, Nicolas Sarkozy n'a eu aucune activité de conseil auprès des personnes que vous mentionnez », fait savoir à Mediapart son attachée de presse. Le PSG a au final, « eu le même traitement, très accommodant », insiste Mediapart. Aujourd'hui, le PSG est à nouveau ciblé par la FPF après les achats à l'été 2017 de Neymar et Mbappé pour plus de 400 millions d'euros.
Gianni Infantino dans la tourmente
Michel Platini, président déchu de l'UEFA, répond à Mediapart qu'il a « toujours affirmé que le fair-play financier n'avait pas vocation à tuer ou à asphyxier financièrement les clubs » mais qu'il a toujours souhaité « que des sanctions puissent être prises ». Gianni Infantino ajoute lui que l'organe d'enquête interne chargé du FPF est indépendant, mais qu'il peut être « assisté par l'administration de l'UEFA, ce qui inclut bien sûr le secrétaire général (son rôle à l'époque) ». Mais l'actuel président de la Fifa est aussi inquiété par d'autres révélations issues des Football Leaks. Il est ainsi taxé de proximité avec le procureur suisse Rinaldo Arnold, régulièrement invité à des matches ou des manifestations de la Fifa.
« Merci beaucoup pour les billets pour la finale de la Ligue des champions. Mon plus jeune fils accompagne ma femme », écrirait par exemple, selon l'EIC, Rinaldo Arnold à Gianni Infantino dans un e-mail daté de mai 2016. L'EIC avance en outre que le procureur Arnold décrocherait « son téléphone pour récolter des informations pour le compte de Gianni Infantino auprès du parquet fédéral suisse ». En 2016, les Football Leaks avaient mis au jour les mécanismes d'évasion fiscale mis en place dans l'univers du football, notamment pour le Portugais Cristiano Ronaldo, accusations soldées par un accord à l'amiable de « CR7 » avec la justice, contre un versement de 16,7 millions d'euros.
Mouhamet Ndiongue
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