Algérie : calme ou tempête pour ce vendredi ?
Cette semaine, les Algériens dans la rue chaque vendredi pour manifester contre le pouvoir en place depuis le 22 février, ont obtenu leur plus belle victoire cette semaine : plusieurs partisans (ou plutôt anciens partisans) de Abdelaziz Bouteflika ont promis le départ du chef de l’Etat.
Depuis son indépendance en 1962, c’est l’armée qui influence une grande partie du gouvernement. Aujourd’hui, près de 60 ans plus tard, les Algériens contestent ce système politique. Plusieurs semaines après le début du mouvement, ils ont pu obtenir gain de cause sur une partie de leurs revendications. Mardi dernier, le chef de l’Etat major a recommandé l’application des dispositions de l’article 102 de la constitution, qui prévoit la destitution du président. Cet avis, a ensuite été suivi par d’autres personnalités politiques du pays.
Aujourd’hui, en ce cinquième vendredi de mobilisation, les réactions divisent. Certains manifestants sont convaincus que l’application de l’article 102 est la meilleure solution. D’autres, en revanche, qualifie cette idée de « mascarade ». Parce que, s’il était appliqué, la transition serait dirigée par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, un proche de Abdelaziz Bouteflika. Mais ce qui inquiète le plus c’est que cette solution ne laisserait que quatre mois et demi avant l’organisation d’une élection présidentielle, un délai trop court selon certains manifestants, mais aussi pour les partis politiques d’opposition, qui craignent que la transparence des élections ne soit pas garantie.
Une opposition divisée
Au lendemain de la déclaration du général, l’ex-premier ministre Ahmed Ouyahia, a soutenu l’audacieuse proposition, celle que personne n’a pu évoquer depuis sept ans. Mais les protagonistes de la scène politique l’article 102 n’est pas une réponse suffisante.
Le parti RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), a dénoncé un coup d’état orchestré par le général Gaïd Salah, qu’il considère « partie prenante de ce système et qui ne peut être la solution ». En revanche, le RCD exige une transition démocratique qui poserait « les fondations d’une Algérie nouvelle ».
Par contre, le parti islamiste algérien (MSP) estime qu’il s’agit d’une « proposition de solution ». « On croit en l’importance de l’armée dans l’accompagnement du processus démocratique, mais n’oublions pas le caractère civil de notre République. Mais notre parti a déclaré que l’application de l’article 102, seul, ne peut répondre aux exigences populaires et mener à des élections libres et transparentes. Il faut qu’un certain nombre de réformes soient réalisées, en amont ».
Mais depuis un mois, les Algériens obtiennent peu à peu satisfaction à leurs revendications. La première était liée au renoncement de la candidature pour un cinquième mandat du président sortant, la seconde, et dernière en date, est la déclaration inattendue de Gaïd Salah.
MB
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