Macron veut évaluer le rôle de la France dans le génocide rwandais
Le président Emmanuel Macron a chargé des chercheurs de mener une enquête de deux ans sur le rôle de l'armée française dans le génocide rwandais, qui reste une source de tension entre Paris et Kigali 25 ans plus tard
La commission composée de neuf membres aura accès aux archives présidentielle, diplomatique, militaire et du renseignement, a annoncé vendredi la présidence française, après que Macron eut rencontré les membres d'une association de défense des survivants du génocide.
« L'objectif est de produire un rapport qui sera publié dans deux ans (...) et qui sera accessible à tous. Il évaluera scientifiquement, sur la base d'archives, le rôle joué par la France au Rwanda de 1990 à 1994 », la présidence a déclaré.
Le prédécesseur de François Macron, François Hollande, avait déclassifié les archives présidentielles sur le sujet en 2015, mais des chercheurs se sont plaints du fait que seule une fraction des documents classifiés avaient été retrouvés et qu'un bilan définitif sur le rôle joué par la France n'avait pas encore été produit.
Le président rwandais, Paul Kagame, a accusé Paris d'être le complice de l'effusion de sang au cours de laquelle des milices hutus ont tué environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés.
Alors que Paris a reconnu des erreurs dans ses relations avec le Rwanda, il a maintes fois rejeté les accusations selon lesquelles il aurait entraîné les milices à prendre part au massacre.
Cependant, lors d'une visite au Rwanda en 2010, le président de l'époque, Nicolas Sarkozy, avait reconnu que la France avait commis « une grave erreur de jugement, une sorte de cécité lorsque nous n'avions pas prévu les dimensions génocidaires du gouvernement ».
Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques en 2006 après qu'un juge parisien ait accusé Kagame et neuf de ses collaborateurs d'avoir abattu l'avion de l'ancien président Juvenal Habyarimana en avril 1994 - catalyseur du massacre. Le Rwanda a rejeté les accusations.
Lors de son voyage en 2010, Sarkozy a également déclaré qu'une mission de sauvetage française sous mandat de l'ONU visant à fournir des zones de sécurité avait été trop limitée et trop tardive. Le meurtre a commencé en avril 1994 et les Français sont arrivés en juin.
Les deux pays ont finalement rétabli leurs relations diplomatiques en novembre 2009, mais le Rwanda a longtemps appelé Paris à poursuivre les fugitifs du génocide vivant sur le sol français.
Selon la déclaration présidentielle, le tribunal français chargé des affaires de génocide rwandais recevra des ressources supplémentaires pour accélérer le processus judiciaire.
L’annonce de la commission s’inscrit dans le contexte des commémorations des 25 ans du génocide.
Le président français n'assistera pas aux commémorations officielles du massacre dimanche. Il sera représenté par Hervé Berville, un survivant du génocide tutsi qui est un membre du parlement français appartenant au parti au pouvoir, le président Macron.
La rédaction
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