Automobile : PSA opte pour un repositionnement stratégique au Maroc

Automobile : PSA opte pour un repositionnement stratégique au Maroc

Le constructeur automobile français PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) a inauguré jeudi à Kénitra une nouvelle usine d’une capacité de production de 100 000 véhicules par an, avec l’objectif de doubler d’ici 2021 le volume de ses ventes dans la zone Afrique-Moyen Orient. Signe de l’enjeu pour le Maroc, c’est le roi Mohamed VI qui a présidé la cérémonie d’inauguration et visité le site où sera produit la nouvelle citadine Peugeot 208.

Le constructeur inaugure jeudi après-midi sa nouvelle usine de Kenitra, près de Rabat. Celle-ci produira 200.000 véhicules par an fin 2020. Avec le centre de pilotage et de R & D installé à Casabla...

Pourtant l’usine, produit déjà depuis décembre les moteurs destinés aux 208, un modèle qui sera commercialisé bientôt. La capacité de la plateforme de production nouvelle génération sera progressivement augmentée à 200 000 véhicules par an. À la signature de l’accord de principe, en 2015, PSA avait affiché son objectif de lancer une « offensive commerciale » en Afrique.

L’unité de Kénitra, qui comptera à terme 2 500 salariés et 1 000 intervenants en sous-traitance, a été construite en quatre ans sur une zone industrielle classée « zone franche » où se sont installés plusieurs équipementiers automobiles. Le Maroc mène depuis plusieurs années une stratégie ambitieuse d’industrialisation avec le développement de zones franches. PSA a été précédé au Maroc par son rival français Renault qui a ouvert en 2012 sa plus grande usine en Afrique sur la zone franche de Tanger.

Comme Renault à Tanger, PSA bénéficie des avantages fiscaux et douaniers liés aux zones franches et exportera via Tanger Med vers 80 de ses marchés. Cette politique de délocalisation a suscité des critiques en France. Le groupe PSA, qui affiche une excellente santé en Europe malgré des revers en Chine, a publié l’an dernier un bénéfice net record de 2,8 milliards d’euros et une rentabilité parmi les plus élevées de l’industrie. Le groupe, dirigé par Carlos Tavares, compte huit autres implantations industrielles dans la zone Afrique-Moyen Orient gérée depuis Casablanca.

19.000 emplois directs crées

L’impact du projet PSA sur le secteur automobile national est déjà une réalité avant même le démarrage effectif de la nouvelle usine du groupe à Kénitra, a souligné le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, notant que l’écosystème PSA a créé à lui seul 19.000 emplois directs.

Estimant que les résultats enregistrés à date grâce à l’implantation de PSA étaient substantiels, le ministre a indiqué que l’Usine PSA de Kénitra, qui a été réalisée avec succès et dont les travaux de construction de la 2ème phase ont été lancés aujourd’hui par le Souverain, atteindra les 200.000 véhicules et moteurs associés, bien avant l’objectif de 2023.

Elalamy a fait savoir, à ce propos, que 27 nouvelles usines de 10 nationalités se sont déjà installées à Kénitra depuis le 19 juin 2015, date de la signature de la convention entre l’État marocain et le groupe PSA, et que les véhicules produits au sein de la nouvelle usine PSA de Kénitra bénéficient d’un taux d’intégration de plus de 60 pc (80 pc à terme).

Les achats par PSA de pièces fabriquées au Maroc ont atteint 700 millions d’euros pour l’année 2018, bien au-dessus des prévisions. L’objectif de 1 milliard d’euros d’achats sera donc réalisé avant 2025, a-t-il poursuivi, relevant que le Centre R&D qui devait, initialement, employer 1.500 ingénieurs et techniciens supérieurs, emploie aujourd’hui 2.300 employés, dont 85% sont des ingénieurs.

La nouvelle usine PSA de Kénitra, conçue pour produire aussi bien des véhicules thermiques que des véhicules électriques, vient conforter non seulement l’ambition industrielle du Royaume mais également la volonté affirmée le Roi de faire du Maroc un modèle au niveau du Continent en matière du développement durable.

Ce projet structurant s’inscrit en outre dans une dynamique soutenue du secteur de l’automobile au Maroc, a souligné le ministre, faisant savoir que ce secteur a ainsi doublé ses exportations entre 2014 et 2018, créant 116.000 emplois.

« Pour la 4ème année consécutive, l’automobile se classe en tête des secteurs industriels exportateurs du Royaume », a-t-il dit, ajoutant que l’Écosystème PSA, implanté dans la région Rabat-Salé-Kénitra, « a permis l’émergence d’un nouveau pôle industriel à fort impact social, illustrant le développement économique régional tel que souhaité par le Roi ».

En effet, la zone franche industrielle de Kénitra a été dynamisée par l’écosystème PSA avec 18 milliards de dirhams d’investissement et la création de 25.300 emplois, a précisé le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique.

L’inauguration de l’Usine PSA est accompagnée par le lancement en production de 3 autres usines emblématiques de l’écosystème PSA, notamment une unité industrielle du groupe chinois Dicastal, numéro 1 mondial de la fabrication de jantes en aluminium, une usine AGC-Induver, fruit d’une association entre le Groupe japonais AGC, numéro un mondial du vitrage automobile et l’opérateur marocain Induver, et une autre du groupe français Faurecia, numéro un mondial de l’intérieur véhicule, a annoncé M. Elalamy.

« Ces quatre usines totalisent à elles seules, un investissement de 8 milliards de dirhams », a-t-il dit.

Et d’ajouter que l’usine PSA inaugurée aujourd’hui bénéficie de la dynamique de développement que connait le Royaume, à la faveur notamment de la ligne à grande vitesse ferroviaire qui permet aujourd’hui de libérer les rails entre Kénitra et le port de Tanger Méditerranée, et la réforme de la formation professionnelle qui permettra d’améliorer la compétitivité des écosystèmes industriels.

Mouhamet Ndiongue

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