Les ventes de Renault plongent sous l’effet Covid-19

Les ventes de Renault plongent sous l’effet Covid-19

A l’instar de l’industrie automobile mondiale, Renault brûle ses liquidités pour affronter la crise du Covid-19. En trois mois, le groupe français a puisé 5,5 milliards d’euros dans ses réserves. Le constructeur a dévoilé jeudi 23 avril des résultats financiers en forte baisse pour le premier trimestre 2020.

Le chiffre d’affaires décroche de 19 %

Déjà en difficulté avant la pandémie, l’entreprise enregistre un chiffre d’affaires en baisse de 19,2 % sur le premier trimestre, à 10,12 milliards d’euros (-18,3 %, à taux de change et périmètre constants). Entre décembre 2019 et mars 2020, ses réserves de liquidité pour son coeur d'activité ont fondu de 5,5 milliards d’euros à 10,3 milliards d’euros.

« Nous vivons une situation sans précédent, a commenté Clotilde Delbos, directrice générale de Renault par intérim, lors d’une conférence téléphonique. Notre visibilité est extrêmement basse, étant donné qu’il n’y a pas de certitude sur la date où nous pourrons revenir à une vie normale. »

Le marché français fortement ralenti

Comme son concurrent PSA, Renault constate une forte diminution de ses ventes :  elles se contractent de 25,9 % avec 672 962 véhicules écoulés tandis que le marché mondial est en repli de 24,6 %. Pour ordre de comparaison, PSA a vu son chiffre d’affaires diminuer de 15,6 % sur la même période (15,2 milliards) d’euros tandis que ses ventes ont baissé de 29 % (627 000 unités).

Une donnée symbolise ce décrochage historique : de façon inédite, les ventes réalisées en Russie (115 713 unités, ) dépassent les volumes écoulés en France (110 467). La Russie a mis en place le confinement plus tardivement le confinement et elle a profité du succès du SUV Arkana. En France, la fermeture des concessionnaires provoque une chute des ventes de 38 %.

Le marché le plus sinistré reste la Chine avec une diminution des ventes de 50,5 % (21 157 unités), devant l’Europe (-36 %, 321 756 véhicules). Aux Amériques, les volumes affichent un repli de 21,7 % (76 637 unités). Renault vient d'annoncer une importante réorganisation sur le marché chinois, avec la fin des véhicules thermiques.

Dacia souffre particulièrement avec une chute de 40,1 % de ses ventes (110 279 véhicules). La marque roumaine vend « principalement à des clients particuliers sur un canal en forte baisse », explique Renault dans un communiqué. La marque Renault enregistre quant à elle une contre-performance de -25,8 % (427 929 unités).

Renault prépare toujours un important plan d'économies

Dans ces conditions exceptionnelles, le groupe Renault a suspendu ses objectifs pour 2020. « À ce jour, l’impact qu’aura cette pandémie sur les résultats du groupe est toujours impossible à évaluer », indique l’entreprise qui reste confiante sur sa solvabilité. Cette dernière avait également renoncé début avril à proposer des dividendes à l’assemblée générale du 19 juin 2020.

Une façon pour l’entreprise de pouvoir prétendre aux prêts bancaires garantis par l’État (PGE) à hauteur de plusieurs milliards d'euros. « Il y a une très bonne raison d'essayer d'obtenir une partie de cette facilité de crédit, a justifié Clotilde Delbos. Nous travaillons dessus. Cela prend du temps. [...] J'ai confiance dans le fait que cela puisse être mis en place avant nos annonces du mois de mai. »

Outre le recours au chômage partiel, Renault prévoit toujours d’importantes réductions de coûts qui doivent être précisées à la fin du mois de mai. Ce plan à 2 milliards d’euros, qui pourrait aboutir à la fermeture d'usines en France, avait été annoncé avant même le début de la crise sanitaire en Europe. La directrice générale du groupe a toutefois refusé de donner plus de détails sur ce plan d'économies pour l'instant.

En parallèle, le constructeur automobile prépare le redémarrage de premières usines en France dès la semaine du 27 avril. « Nous allons redémarrer lentement parce que nos employés ont besoin de s’habituer aux mesures sanitaires. Nous ne voulons pas non plus redémarrer trop vite avant de voir comment la demande va évoluer », a expliqué Clotilde Delbos.

Commentaires