(Billet 936) – Les aventures de Monsieur Macron en Israël
Monsieur Macron s’est brillamment illustré en Afrique, réussissant à créer un puissant sentiment de détestation des gens du continent pour son pays. Fier de son œuvre, il s’est un peu reposé avant de s’atteler aujourd’hui à mécontenter les arabes et les musulmans, avec de solides chances de succès. Mais, perfectionniste, il semble s’arranger également à inciter de la défiance israélienne pour la France, et à créer un climat délétère voire dangereux en France même. M. Macron est inégalable, M. Macron est inénarrable.
Surgi, donc, en Israël plus de deux semaines après la tuerie du 7 octobre, le chef de l’Etat français a quand même tenu à exprimer sa profonde solidarité, après ses homologues allemand, américain, italienne, britannique… Emporté par sa fougue et sa passion, il a même proposé de créer une coalition contre le terrorisme, ou d’étendre celle qui avait été mise sur pied pour frapper Daech. M. Macron pense donc très faisable et même intelligent d’associer les armées occidentales aux armées arabes pour tirer sur le Hamas, considéré comme un groupe de résistance par « la rue arabe ». Le président français, qui fait si peu de cas de son opinion publique sur bien des sujets, pense que les chefs d’Etat arabes agissent de la même façon… Leur proposer de s’en prendre au Hamas est une véritable insulte à leur intelligence et un camouflet pour leurs peuples. Du grand Macron !
Puis, pris dans son fameux « en même temps », Emmanuel Macron vole avec son étrange enthousiasme vers Mahmoud Abbas et lui dit « voir et entendre » les souffrances des populations civiles de Gaza, souffrances que « rien ne saurait justifier ». « Rien »… Pas même l’attaque du 7 octobre ? Les mots ont un sens et affirmer cela vient en contradiction des propos tenus à Tel Aviv. Le locataire de l’Elysée ne s’est pas assuré l’amitié de arabes, mais il a fait naître de la méfiance en Israël.
Appliquer le « en même temps » en toutes circonstances, c’est commettre des bévues et des impairs « tout le temps ». Il faudra se rendre à l’évidence, la France n’a plus de diplomatie, mais une sorte de psychopathie en tient lieu. La grande diplomatie française qui a fait les grands jours de la grande Histoire de France n’est plus ; elle est remplacée par un ersatz de diplomates à l’Elysée, dont la personnalité est caractérisée par peu d’empathie, un total détachement émotionnel, une irresponsabilité, le tout combiné à une propension à avoir des comportements impulsifs. La définition exacte de la psychopathie apportée par la Librairie Nationale US de Médecine.
Puis le mot d’ordre, les éléments de langage, sont donnés. Dans les médias français, et dans une moindre mesure américains et aussi britanniques, plus nuancés, le Hamas est un groupe terroriste ; tous les plateaux télé et les journaux insistent lourdement sur ce terme. Le Hamas est ainsi reconnu par l’Union européenne, le Canada, les États-Unis, Israël et l’Egypte. Mais pas par l’ONU, qui sait faire la distinction entre groupe terroriste et groupe de résistance, même commettant des actes de terreur. Or, « terreur » n’est pas « terrorisme », même si les deux sont répréhensibles, même si les deux touchent des innocents. Mais, explique l’historienne Sophie Bessis, « le vocabulaire des situations coloniales est d’une affligeante monotonie : quand la violence répond à la violence parce que toutes les autres routes ont été coupées, celle de l’oppresseur est passée sous silence et celle de l’opprimé devient l’emblème du mal et de la cruauté qui caractérisent son essence et sa culture », ajoutant et se demandant « comment expliquer une telle partialité sinon par un retour bruyant du refoulé colonial de ces puissances à l’imperium désormais contesté ? ».
Le monde a ainsi vu le « pshiiit » dudit Sommet pour la paix, tenu en Egypte voici quelques jours et qui n’a même pas abouti à une déclaration commune, les Occidentaux étant vent debout et sabre au clair contre le Hamas, certes coupable d’une tuerie de masse, les Arabes demandant la condamnation d’Israël, résolument engagé dans ce qui ressemble à un génocide mais qui est déjà un crime de guerre.
De tout cela, M. Macron n’a cure. Il veut plaire à Israël, « quoi qu’il en coûte », et il est suivi par sa ministre des Affaires étrangères qui, elle, veut plaire à son président. Ce faisant, les deux nuisent puissamment aux intérêts, et à la sécurité, de leur pays, comme le clament désormais de plus en de voix en France.
En attendant, une épuration ethnique a lieu à Gaza et des crimes de guerre sont commis sous les yeux d’un monde consterné par le « deux poids, deux mesures » occidental. Mais M. Macron ne semble pas avoir la maturité politique et géopolitique pour le comprendre.
Aziz Boucetta
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