Intelligence artificielle: l'UE doit passer à la vitesse supérieure
L’UE doit passer à la vitesse supérieure en matière de développement de l’Intelligence artificielle (IA) afin de pouvoir “faire jeu égal avec les leaders mondiaux du secteur”, alerte un rapport de la Cour des comptes européenne, publié mercredi.
L’UE peine à développer l’écosystème européen d’intelligence artificielle et n’a pas réussi à doper suffisamment les investissements dans le domaine de l’IA pour faire jeu égal avec les leaders mondiaux, souligne la Cour, appelant à une gouvernance plus forte et des investissements publics et privés plus importants et mieux ciblés, en vue de relever le défi de l’IA.
Depuis 2018, la Commission européenne a pris de nombreuses mesures et travaillé sur les maillons essentiels au développement d’un écosystème d’IA à l’échelle de l’Union, comme la réglementation, les infrastructures, la recherche et l’investissement, relèvent les auditeurs de la Cour, notant toutefois que l’Exécutif “n’a pas bien coordonné ses mesures avec celles des États membres, et les investissements n’ont pas fait l’objet d’un suivi systématique”.
“Pour l’UE, la course mondiale aux investissements dans l’IA est pavée d’obstacles”, estime-t-on, précisant que sur le plan de l’investissement global dans le domaine de l’IA, l’écart entre les États-Unis et l’UE a plus que doublé entre 2018 et 2020, l’Europe accusant un retard de plus de 10 milliards d’euros.
En 2018 et en 2021, la Commission européenne et les États membres se sont mis d’accord sur des mesures visant à développer un écosystème d’IA fondé sur l’excellence et la confiance, qui placerait l’UE en bonne voie pour s’ériger en “chef de file mondial d’une IA de pointe, éthique et sûre”. Néanmoins, plus de cinq ans après le premier plan, le cadre européen de coordination et de réglementation des investissements de l’UE dans l’IA est “encore en chantier”, déplore le rapport.
»Des investissements dans l’IA, massifs et ciblés sont un facteur décisif qui déterminera la vigueur de la croissance économique de l’UE dans les années à venir », a déclaré Mihails Kozlovs, membre de la Cour, responsable de l’audit. »Dans la course à l’IA, il y a fort à parier que le gagnant raflera toute la mise. Si l’UE veut gagner son pari, la Commission européenne et les États membres doivent unir leurs forces de manière plus efficace, accélérer la cadence et libérer le potentiel de l’Union pour réussir cette révolution technologique majeure qui est en cours », a-t-il soutenu.
Le rapport relève aussi que les objectifs d’investissement de l’UE dans l’IA, qui n’ont pas changé depuis 2018, sont “trop vagues et obsolètes” et leur “manque d’ambition contraste avec l’objectif de création d’un écosystème d’IA compétitif au niveau mondial”. Par ailleurs, les mesures prises récemment par l’UE pour bâtir un marché unique des données n’en sont encore qu’à leurs débuts et ne permettent pas, pour l’instant, de stimuler les investissements dans l’IA, indique-t-on, rappelant que l’UE s’est fixée l’objectif ambitieux de faire en sorte que 75% de ses entreprises utilisent l’IA d’ici à 2030.
Les États-Unis ont longtemps été les leaders incontestés de l’IA, mais la Chine entend bien leur damer le pion d’ici à 2030, ces deux pays pouvant compter sur les investissements privés massifs de leurs géants technologiques.
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