(Billet 1037) – La ‘’démocratie’’ au G7, état des lieux

(Billet 1037) – La ‘’démocratie’’ au G7, état des lieux

Quand on voit ou qu’on lit ce sigle, ces deux signes, on pense immédiatement et par association à la richesse, au développement, parfois même à l’opulence, mais l’idée qui vient en premier à l’esprit est celle de la démocratie triomphante. Les pays du G7, forcément occidentaux, sont aussi forcément démocratiques, animés par les droits de l’Homme et pétris de libertés. C’est ce que du moins ils disent, mais un état des lieux nuancerait la chose.

Sur le plan national, les Etats du G7 sont tous confrontés à des troubles sociaux et à des perturbations de l’ « ordre démocratique » qu’ils ont toujours défendu, voire survendu, et sur lequel ils se sont lourdement appuyés, et s’appuient toujours, pour dominer le monde et distribuer les bons et mauvais points aux « bons » et aux « mauvais » élèves du monde.

Les Etats-Unis. La grande démocratie américaine a donné au monde le spectacle de son véritable visage, ce 6 janvier 2021. Les choses couvaient, la société est de plus en plus divisée, fracturée, scindée en deux, mettant en confrontation Républicains et Démocrates, Républicains et Républicains même, Amérique océane et Amérique continentale, Blancs et migrants, pro-Trump et anti-Trump, pro-avortement- et anti-IVG… Ledit Trump a même dit qu’il serait un dictateur le premier jour de son mandat, s’il est élu en novembre prochain. L’Amérique a donc le choix entre deux octogénaires (ou presque), l’un condamné au pénal et l’autre prêtant le flanc à des débuts d’accusation de complicité de génocide.

L’Allemagne. Elle nous avait habitués à une solide stabilité politique. Quatre chanceliers en près d’un demi-siècle, des hommes et femme forts, puissants, visionnaires et ambitieux, respectés dans leur pays et dans le monde. Puis Olaf Scholz arrive, faible, politiquement faible et économiquement affaibli, laissant l’extrême-droite monter dans les sondages, puis dans les urnes, dépassant même la coalition au pouvoir, et malgré cette inquiétante saillie du leader d’extrême-droite qui a dit que « les SS n’étaient pas des criminels » !

L’Italie. L’extrême-droite dirige « fraternellement » le pays et la Première ministre Giorgia Meloni vient de conforter sa place en remportant les élections européennes. L’Italie s’installe dans la droite extrême et sa Présidente du conseil attend du renfort en Europe ; et il semblerait qu’elle n’attendra pas longtemps.

La France. Aujourd’hui, elle implose, avec le risque que demain, elle explose. Le président Emmanuel Macron a fait le vide autour de lui, nommant deux profils insignifiants à la tête du gouvernement et de la diplomatie, et ouvrant grand les portes du pouvoir à une extrême-droite inquiétante et revancharde. Un pays parcouru par des tressaillements de plus en plus violents d’islamophobie, de xénophobie, de mal-être et d’inégalités, avec une polarisation des extrêmes et une quasi disparition des forces et équilibres politiques d’antan. Rarement la France a été autant exposée aux risques systémiques politiques et, bien évidemment, économiques. Sauf qu’elle ne le sait pas encore.

Le Royaume-Uni. Comme pour l’Allemagne, la légendaire stabilité politique dans le pays de Sa Gracieuse Majesté n’est plus. De quatre Premiers ministres en 31 ans (1979-2010) à trois en quatre mois (2022), un Brexit qui n’en finit pas de ne pas finir, des indépendantismes en vogue et en ascension, avec une plus grande autonomie des nations celtes… Le Royaume-Uni se cherche, ne se trouve pas encore mais les Britanniques désapprouvent de plus en plus les dérives autoritaires du gouvernement Rishi Sunak dans la question israélienne et réprouvent les intérêts économiques de l’épouse du Premier ministre avec l’Inde et Israël.

Le Canada. La censure sur les réseaux sociaux avance à bas bruit, la loi sur les mesures d’urgence a été activée en 2022 contre les camionneurs, pour la première fois depuis son introduction en 1988 ; Justin Trudeau rogne sur les marges de liberté mais dans ce grand pays au grand froid, les gens savent garder leur sang-froid, acceptant tout pour éviter de tomber dans les dérives du grand voisin du sud.

Le Japon. L’Empire du Soleil levant avance au rythme d’un Premier ministre qui ne dépasse pas 20% d’opinions favorables, avec des affaires et des scandales à répétition, mais les Japonais, zen à leur habitude, ne semblent pas s’en offusquer. Le système judiciaire de ce pays a été révélé au monde après l’affaire Carlos Ghosn, bien plus une affaire de protection de la souveraineté économique qu’une sombre histoire fiscale ; personne ne parle pourtant des conditions carcérales particulièrement dures dans l'archipel. Mais le Japon, lui, au moins, ne se met en surplomb de personne ni n’essaie de prodiguer des leçons de bonne(s) conduite(s) au monde.

L’Union européenne. Collectivement, elle sombre lentement mais sûrement dans une droitisation de plus en plus extrême. Elle n’appréhende son environnement que dans une conflictualité exacerbée, avec la guerre contre la Russie et la crainte obsessionnelle de la migration venant du sud ; l’UE, c’est « le jardin avec une jungle l’environnant » selon Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères. Quant à la présidente Ursula Von Der Leyen, elle est aujourd’hui en accusation pour soupçons de corruption et de conflit d’intérêt pour les vaccins Pfizer contre la Covid-19.

 

Voilà, donc, à quoi se réduit cet aréopage de gens assénant et ressassant leurs discours sur les droits humains et sur la démocratie… Un groupe de pays, dans certains des soupçons de corruption, dans d’autres des dénis de démocratie ou de craintes de dérives autoritaires. Et tous, absolument tous, sont aujourd’hui empêtrés dans les soupçons de complicité de crimes de guerre et contre l’humanité, à travers leur soutien apporté à Benyamin Netanyahou.

Ils attaquent en meute pour défendre leurs intérêts et défendent leurs positions en bloc, avec l’ONU comme instrument de légitimation de leurs décisions. Cela change aujourd’hui avec l’émergence des nouvelles puissances qui, elles sont explicitement autoritaires et où la corruption ne dérange personne, ou si peu de gens.

Le monde devient de moins en moins fiable et de plus en plus dangereux.

Aziz Boucetta

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