
CNUCED 2025 : le Maroc exemplaire en digitalisation portuaire et commerce international
Le Maroc a été mis en exergue dans le rapport 2025 sur les transports maritimes de l’ONU Commerce et Développement (CNUCED), comme un modèle de réussite en matière de digitalisation et de facilitation du commerce international grâce à son système PORTNET, guichet unique électronique dédié aux ports et aux opérations commerciales.
Présenté comme une “bonne pratique à partager avec les pays en développement”, PORTNET fait l’objet d’une analyse approfondie dans le chapitre 4 du rapport “Review of Maritime Transport 2025”, publié mercredi, qui souligne son impact positif sur la transparence, la coordination logistique et la conformité réglementaire.
“Le système marocain PORTNET est un exemple de coopération réussie entre le secteur public et le secteur privé. Il a permis d’améliorer la connectivité maritime, la performance logistique, mais aussi la conformité aux engagements internationaux, comme l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC”, a déclaré Hassiba Benamara, économiste à la Trade Logistics Branch de la CNUCED, lors d’une conférence de presse à Genève.
Lancé en 2011 en tant que guichet unique maritime, PORTNET a été élargi dès 2015 pour intégrer l’ensemble des démarches administratives liées aux échanges internationaux. Il couvre aujourd’hui 14 ports marocains sous la supervision de l’Agence nationale des Ports (ANP), avec plus de 42 organismes publics connectés et 120 services en ligne, dont les formalités liées à l’arrivée/départ des navires, au dédouanement et à la logistique.
Chaque jour, 5.000 transactions sont traitées via la plateforme. Les délais de traitement des licences d’importation sont passés de 5 jours à seulement 3 heures, renforçant ainsi la compétitivité du commerce extérieur marocain, où le transport maritime représente plus de 95 % des flux import/export.
Pour Mme Céline Bacrot, économiste à la Division Technologie et Logistique de la CNUCED, PORTNET incarne une double réussite : institutionnelle et technique.
“Ce système fonctionne grâce à un partenariat public-privé solide. L’État marocain a su créer un cadre favorable à l’écoute des besoins de la communauté d’affaires. En parallèle, une réforme digitale profonde a permis de réduire considérablement les délais et les coûts logistiques”, a-t-elle affirmé dans une interview à la MAP.
Selon l’experte onusienne, “les chiffres parlent d’eux-mêmes”. “En quasiment 20 ans, il y a eu un boom du nombre d’opérateurs, de partenariats, et d’agences”.
Le système compte plus de 99.000 utilisateurs, dont 80.000 opérateurs économiques et 1.800 transitaires, et permet dans 95 % des cas de ne soumettre les données qu’une seule fois. Une interopérabilité qui facilite la fluidité des échanges et renforce la confiance dans l’écosystème portuaire marocain, selon la CNUCED.
La CNUCED a également salué la montée en puissance du port de Tanger Med, dont la performance s’appuie sur la digitalisation des procédures mais aussi sur un positionnement géostratégique clé à l’entrée de la Méditerranée. La succession de crises logistiques, notamment le blocage du canal de Suez, a renforcé son rôle de port de transbordement de référence en Afrique et en Méditerranée occidentale.
Mais ce succès est surtout le fruit de facteurs endogènes. “Tanger Med est aujourd’hui un modèle en matière d’investissements logistiques et d’efficacité portuaire. Il attire les grandes compagnies maritimes à la recherche de fiabilité et de services à haute valeur ajoutée”, a souligné Mme Bacrot.
Pour la CNUCED, le cas du Maroc illustre comment une vision claire, soutenue par des réformes concrètes et une gouvernance collaborative, peut transformer l’infrastructure commerciale d’un pays en atout stratégique.
Le rapport recommande de s’inspirer de l’expérience marocaine pour renforcer la compétitivité logistique des pays en développement et réduire les coûts du commerce international, dans un contexte de forte volatilité des chaînes d’approvisionnement mondiales.
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