Les trois grands problèmes qui menacent le web, selon son inventeur
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- 18 mars 2017 --
- Lifestyle
Le père du web Tim Berners-Lee a signé récemment une tribune à l'occasion des vingt-huit ans d’internet. Il y a évoqué l’évolution du Web et a insisté sur les précautions nécessaires pour « s'assurer qu’il réponde à sa vision première d’une plateforme qui serve un objectif égalisateur et bénéficie à l’humanité toute entière ». À cette occasion, il liste les trois enjeux qui sont, selon lui, les plus préoccupants pour l'avenir du web.
Berners-Lee a ainsi expliqué qu’ « au cours des douze derniers mois, trois nouvelles tendances ont été une source d’inquiétude croissante pour moi. À mon sens, nous devons les confronter pour que le Web puisse atteindre son véritable potentiel, celui d’un outil au service de l’humanité toute entière ». Quelles sont ces tendances ?
1/ Le contrôle des données personnelles
Le contrôle des données personnelles échappe bien souvent aux utilisateurs. « Qui plus est, nous n'avons souvent aucun moyen de signaler aux entreprises quelles données nous préférerions ne pas partager, particulièrement avec des tiers. Les conditions générales sont du tout ou rien ». Pour l’inventeur du web, en collaborant avec les entreprises du Web – ou en leur forçant la main – les gouvernements surveillent toujours plus nos moindres mouvements en ligne, et votent des lois radicales qui piétinent nos droits à la vie privée. Les conséquences sur la liberté d’expression sont effrayantes.
Dans les régimes répressifs, cette collecte peut conduire à des arrestations ou des meurtres. Dès lors, nombreux sont ceux qui optent pour l’autocensure, préférant nuancer leurs propos sur des sujets sensibles comme la santé, la religion, la sexualité ou la politique.
2/ Le développement des fausses informations
Le sujet a explosé avec l’élection présidentielle américaine de 2016 et est aujourd’hui devenu un enjeu de toute première importance : les fausses nouvelles se répandent trop facilement sur le net. La raison ? « La plupart des gens découvrent les actualités et les informations sur le web par l’intermédiaire d’une petite poignée de réseaux sociaux et de moteurs de recherche », dont le business repose principalement sur l’économie du clic, analyse Tim Berners-Lee.
Cette économie du clic a donné naissance aux fameuses bulles filtrantes, dans la mesure où ces sites « sélectionnent le contenu proposé en fonction d’algorithmes qui apprennent de nos données personnelles récoltées en permanence. Le résultat net est que ces sites nous présentent des liens vers des contenus sur lesquels selon eux nous allons cliquer », pointe le père du web. Il est impératif que les plateformes que sont Facebook et Google poursuivent leur combat contre les fausses actualités.
En exploitant cette science des données et des armées de robots, des personnes mal intentionnées peuvent truquer ce système pour répandre la désinformation à des fins de profits financiers ou politiques. Ce qui signifie que la désinformation des contenus surprenants, choquants, ou destinés à correspondre à nos opinions personnelles se répand comme une traînée de poudre.
Au Maroc, la prolifération des sites électroniques et les 11 millions d’utilisateurs de Facebook contribuent à la multiplication des fausses informations, voire de la désinformation, sur l’Algérie, sur Benkirane, sur le gouvernement, etc…
3/ La publicité politique
La publicité politique en ligne est rapidement devenue une industrie sophistiquée. Étant donné que la plupart des personnes s’informent uniquement sur quelques sites, étant donné la sophistication croissante des algorithmes qui puisent dans d’abondants bassins de données personnelles, les campagnes électorales élaborent désormais des messages publicitaires personnels présentés directement à chaque utilisateur.
Durant l’élection américaine de 2016, jusqu’à 50.000 variantes de messages publicitaires étaient présentées chaque jour sur Facebook, une situation presque impossible à surveiller. On soupçonne que certaines publicités politiques, aux États-Unis et dans le reste du monde, sont utilisées sans éthique pour diriger des internautes vers des sites de fausses informations, par exemple ou pour en dissuader d’autres d’aller voter. La publicité politique ciblée permet à une même campagne de présenter des messages radicalement différents, voire contradictoires, à différents groupes de personnes. Est-ce démocratique? L'inventeur d'Internet appelle à une réglementation des campagnes politiques.
Au Maroc, aussi, on a pu constater ces publicités politiques qui ont fleuri sur le web lors de cette campagne électorale 2016, et après. Les personnels politiques ont compris l’usage d’internet et l’importance de ce moyen pour véhiculer leurs messages.
Conclusion de Tim Berners-Lee : « Pour construire le web, il a fallu notre participation à tous, et c’est à nous tous, désormais, de construire le web que nous voulons – pour tous ».
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