Jacob Zuma, une fin pathétique pour la carrière chaotique du président danseur (vidéo)
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- 15 février 2018 --
- International
Après des mois d’attaques médiatiques, politiques et judiciaires contre le chef de l’Etat sud-africain Jacob Zuma, et aussi de contre-attaques du camp de ce dernier, le président a fini par jeter l’éponge ce mercredi 14 février. D’une manière inattendue, car quelques heures avant, il disait et affirmait le contraire. C'est la fin d'un feuilleton qui tenait en haleine les Sud-Africains. C’est le vice-président et milliardaire Cyril Ramaphosa qui lui succèdera.
Les déconvenues se sont succédé pour le premier président zulu en Afrique du Sud. De la perte de confiance aux poursuites judiciaires, du désaveu de son parti l’ANC (African national Congress) à l’élection de Cyril Ramaphosa à la présidence de l’ANC, de ses contacts douteux avec la fratrie Gupta aux différents scandales de corruption, Jacob Zuma est dans la tourmente depuis plusieurs années.
Et c’est donc affaibli par les scandales et les polémiques que le chef d’Etat sud-africain, 75 ans, a finalement annoncé mercredi son départ de la présidence, après neuf ans au pouvoir. Retour sur le parcours mouvementé de cet ancien militant anti-apartheid.
Issu de l'ethnie zouloue, autodidacte, il est une figure de la lutte anti-apartheid, ayant été emprisonné durant dix ans à Robben Island, au large du Cap. Membre de l'aile gauche du Congrès national africain (ANC), il est vice-président de la République de 1999 à 2005 et accède à la tête de l'ANC en 2007.
En 1959, à 17 ans, il rejoint l’ANC à l’adolescence, avant d’être arrêté quelques années plus tard alors qu’il tentait de quitter le pays illégalement. Il passera dix ans en prison au centre de Robben Island, où est également détenu Nelson Mandela. C'est durant son incarcération que, grâce aux cours dispensés par ses codétenus, Jacob Zuma apprend à lire, à écrire et se familiarise avec les débats d'idées. Il est libéré en 1973 et tente immédiatement de réactiver l'ANC dans la province du Natal.
En 1975, il s’exile pendant une quinzaine d’années dans plusieurs pays africains, le Swaziland, le Mozambique et la Zambie, où il est nommé chef des renseignements extérieurs de l’ANC.
À la suite de la légalisation de l'ANC en 1990 par le gouvernement de Frederik de Klerk, il est un des premiers meneurs exilés du mouvement à revenir en Afrique du Sud pour commencer le processus de négociation. En 1991, Zuma est élu vice-secrétaire général de l'ANC à la demande de Nelson Mandela. Il s'occupe alors du retour des exilés et des combattants et gagne la reconnaissance de ses concitoyens en devenant, en 1994, le principal artisan de la paix au Natal, en mettant fin aux affrontements ethniques et fratricides entre l'ANC et les Zoulous de l'Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi (IFP).
En 1999, il est nommé vice-président par le président Thabo Mbeki, mais en 2003, il est impliqué dans une affaire de corruption datant de 1999 et concernant l’achat par l’Afrique du Sud de navires, sous-marins et hélicoptères à des sociétés européennes et sud-africaines. Il est accusé d’avoir accepté un pot-de-vin pour protéger un fabricant d’armes français menacé par cette enquête. Le ministère public sud-africain classe l’affaire, estimant ne pas avoir assez d’éléments pour obtenir une condamnation certaine de Zuma.
Le répit ne durera pas longtemps… En effet, en 2005, il est démis de ses fonctions de vice-président, mais il conserve ses fonctions de vice-président de l’ANC sous Mbeki, après sa mise en cause dans le procès pour corruption d’un proche et de son conseiller financier Schabir Shaik. Cette même année, Zuma est accusé de deux chefs de corruption.
En 2007, Zuma devient président de l’ANC, avec le soutien de Nelson Mandela, et toujours fort de l’aide de l’icône du pays, il mènera et remportera les élections générales de 2009, devenant ainsi président de la République.
Son parcours est émaillé de poursuites pour corruption, et viol aussi. Mais ces procès font tous pshiiiit pour diverses raisons. Jacob Zuma est un très habile manœuvrier, en effet.
Et aujourd’hui, après avoir lutté contre des accusations qui se rapprochaient et se précisaient, Jacob Zuma est finalement poussé vers la sortie, une révocation qu'il a acceptée, la mort dans l'âme, une heure avant la fin de l'ultimatum qui devait le conduire à un vote de défiance du parlement. Il a 75 ans, cinq épouses, au moins vingt enfants, un train de vie que nulle retraite dorée ne peut financer, et une somme d’ennuis judiciaires liée à des affaires de corruption avance vers lui aussi sûrement qu’une vague géante, aussi haute que le « zunami » promis lorsqu’il poussait à l’assaut du pouvoir.
Cyril Ramaphosa, « au mieux silencieux, au pire complice de Zuma, dit un de ses contempteurs, sera désigné aujourd’hui par le parlement, et il aura la rude tâceh de conduire une ANC exsangue vers des élections législatives très incertaines, en 2019.
AB, avec agences
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