A Porto Rico, l'ouragan Maria a tué 4 645 personnes

A Porto Rico, l'ouragan Maria a tué 4 645 personnes

L’ouragan Maria, qui a ravagé l’île américaine de Porto Rico le 20 septembre, n’aurait pas fait 64 morts, seul bilan pour l’instant reconnu par les autorités, mais 70 fois plus. Selon une étude de terrain menée par quinze chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health, publiée mardi dans la revue scientifique The New England Journal of Medicine, 4 645 personnes seraient décédées des conséquences directes de l’ouragan de force 4, qui avait détruit de nombreuses infrastructures et privé d’eau, d’électricité, de moyens de transport et de communication la quasi-totalité des 3 millions d’habitants de Porto Rico.

«L’ouragan Maria a causé des dégâts massifs à Porto Rico, mais ses effets sur la mortalité restent controversés», notent les auteurs de l’étude, qui reconnaissent que «le nombre de décès peut être difficile à évaluer à la suite d’un désastre majeur». Le bilan officiel est en effet fortement contesté depuis des mois par les habitants de l’île, des experts et des journalistes (le New York Times parlait déjà de plus de 1 000 morts en décembre dernier). Le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rosselló, a d’ailleurs commandé une autre étude sur le nombre de victimes de Maria auprès de l’Université George-Washington, qui doit être rendue publique dans les prochaines semaines.

«Réel fardeau»

Pour en arriver à ce chiffre très élevé de 4 645 morts – plus de deux fois le nombre de victimes de l’ouragan Katrina, en août 2005, qui s’est établi à 1 833 décès –, les chercheurs ont étudié la «surmortalité» («excess deaths») survenue dans l’île américaine dans le sillage de Maria. Ils ont utilisé un échantillon aléatoire de 3 300 foyers dans tout ce territoire non incorporé des Etats-Unis (l’île a le statut de Commonwealth), ont enregistré le nombre de décès, quelle qu’en soit la cause, sur une période allant du jour de l’ouragan jusqu’au 31 décembre, et ont extrapolé leurs résultats sur l’ensemble de la population de l’île pour établir le taux de mortalité pour le dernier trimestre 2017. Ils l’ont ensuite comparé au taux de mortalité à la même époque l’année précédente pour déterminer cette «surmortalité», soit «62% d’augmentation» par rapport à 2016.

La rédaction

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