(Billet 258)– La démocratie n’a certes pas de prix, mais les partis ont un coût!

(Billet 258)– La démocratie n’a certes pas de prix, mais les partis ont un coût!

Ils sont là, ils se multiplient, ils dépensent sans compter et ne pensent pas à donner leurs comptes. Eux, ce sont les partis, chose nécessaire pour la démocratie, dit-on… Ils sont 34, donc, pour nous encadrer et nous conduire vers une vie meilleure, dit-on encore. Mais à y voir de plus près, comme le font les « juges » de Driss Jettou, on constate que le compte n’y est pas… Alors la Cour des comptes a ouvert sa boîte à gifles financière.

Globalement, et pour l’exercice 2018, les partis auront coûté à l’Etat la modique somme de 66 millions de DH, directement décaissée par l’Etat et goulûment avalée par nos formations politiques. C’est peu au regard du budget de l’Etat, c’est insignifiant par rapport à l’importance de la démocratie, mais c’est énorme en considération du véritable rôle des partis. 66 millions, un petit pas pour l’Etat, un pas de géant pour le gaspillage… Mais la politique, c’est un métier lucratif que nos responsables politiques ont fait leur.

Si on veut poursuivre l’autoflagellation, on ajoutera à cela les frais du parlement. Ainsi, pour 2018 toujours, les députés auront empoché la bagatelle de 248 millions de DH, en plus, inexplicablement voire mystérieusement, de 8 millions pour les achats de carburants et lubrifiants ! Leurs collègues et complices conseillers, quant à eux, se sont partagés environ 100 millions de DH. Ce n’est plus le coût, mais le coup de la démocratie !

Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain… Il existe quelques dizaines de parlementaires, députés et conseillers, qui travaillent, pinaillent, ferraillent et se chamaillent, faisant honneur à leur mandat. Le problème est qu’ils sont invisibles dans la masse des nuisibles, alors rendons-leur grâce quand même car ils le méritent.

Revenons à la Cour des comptes… On apprend que les ressources de 17 partis proviennent à plus de 90% des caisses de l’Etat, et 8 ne fonctionnent que grâce et par la grâce de la tétine publique, dont la discrète UC, formation gouvernementale ! Autre anomalie… L’Istiqlal et le PJD ont produit des rapports d’experts comptables non conformes aux normes requises. Ces deux partis sont nominés, avec le RNI, pour tenir la pole position dans un an ; très rigides du dogme pour la galerie, ils présentent pourtant des documents illégaux ! Allez comprendre… mais à la longue, on a compris et les cris du contrôle public n’ont pas été perçants.

Ainsi donc, dans ce pays qui est le nôtre, en plus des ravages de l’économie de rente, on a également les outrages de la déroutante politique de rente. L’Etat, si prompt à recouvrer ses créances auprès des particuliers, traîne la patte pour imposer les restitutions aux partis. Il doit sans doute estimer que la démocratie est corrélée à l’effectif des partis, ou alors ces derniers gardent des petits secrets par-devers eux, en cas de coup dur…

A la lecture du calamiteux rapport sur nos piteux partis, on comprend mieux pourquoi une Commission de développement a été mise en place, car nos responsables de partis sont trop occupés à ne pas faire leurs comptes et à compter sur la manne publique pour s’occuper des affaires du public !

Et pourtant, la Cour des comptes fait ses comptes, en attendant que l’opinion publique règle les siens. Il est bien connu en effet que les comptes, c’est fait pour être réglés. Et à défaut de Dame Justice qui a de quoi cogner mais qui regarde ailleurs, 2021 approche…

Aziz Boucetta

 

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