Associer les paysagistes aux interventions sur nos territoires
Le dialogue national sur l’urbanisme et l’habitat, initié et mis en œuvre par le Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la Ville, est une action très louable compte-tenu des mutations territoriales que connait le Maroc. On assiste à l’évolution vers un cadre de vie vulnérable et donc menacé comme cela a été le cas lors de la crise du Covid-19 qui a mis en évidence des dysfonctionnements dans les aménagements de nos villes et de nos territoires, surtout dans les métropoles où certaines disparités territoriales ont été relevées. Aujourd’hui, lors de ce dialogue, le système de planification, la gouvernance et le cadre bâti ont été largement débattus. Mais pour concrétiser tout cela, il est nécessaire de sérieusement penser à s’ouvrir sur l’intervention de toutes les spécialités intéressées par ce domaine.
Dans l’esprit des politiciens, mais aussi de plusieurs autres décideurs, les architectes et les urbanistes (lorsqu’ils existent) seraient les profils les plus concernés par l’aménagement de l’espace car ils ont longtemps œuvré seuls dans ce domaine. Aujourd’hui, pour concrétiser toutes les stratégies, on doit avoir une vision partagée sur le territoire dans sa dimension la plus large. Il est le réceptacle de la population et le champ où elle exerce ses activités et développe ses traditions. C’est ainsi que les populations locales façonnent leurs paysages qui constituent leurs richesses. Toutes ces composantes doivent être intégrées dans la réflexion sur l’aménagement des territoires dans leur dimension multiple, pour valoriser les richesses culturelles et réduire les disparités socioéconomiques.
La nécessité d’une transition efficace passe par l’implication des différents spécialistes et notamment les paysagistes que notre pays a formés et continue de former. Dans les circonstances actuelles, leur rôle est primordial pour la mise à niveau des territoires et pour offrir des espaces publics capables d’apaiser les populations usagères. Les paysagistes marocains ont une formation pluridisciplinaire qui leur permet de disposer de technicité et de compétences pour l’intervention aussi bien à petite qu’à grande échelle, en milieu urbain ou en milieu rural pour préserver les authenticités locales, les composantes esthétiques et orienter vers des projets de développement local durable.
Grâce à leur formation et à l’exercice de leur métier sur le terrain, les paysagistes marocains ont démontré leurs compétences spécifiques et leurs capacités à créer des aménagements de qualité. Regroupés au sein de l’AMAP (Association Marocaine des Paysagistes, leur organisation professionnelle, ces spécialistes d’un genre particulier œuvrent à l’amélioration du cadre de vie des citoyens. Chaque fois que l’occasion leur a été donnée, les paysagistes marocains ont démontré que leur intervention est d’une importance capitale dans l’aménagement de l’espace, qu’il soit privé ou public.
Depuis sa création en 1985, l’AMAP n’a cessé de promouvoir le métier des paysagistes et de militer pour leur implication dans toutes les interventions visant le développement territorial. Il est donc souhaitable que le dialogue sur l’aménagement du territoire s’ouvre aussi aux paysagistes pour qu’ils soient impliqués aux côtés des autres intervenants afin d’élargir les horizons aux spécificités locales, surtout que les agglomérations qu’elles soient rurales ou urbaines, sont presque toujours associées à des paysages spécifiques qu’il faut prendre en considération.
L’AMAP saisit cette occasion pour interpeler les décideurs afin qu’ils fassent appel aux paysagistes à chaque fois qu’il s’agit d’intervenir sur l’espace. Ils ont leur mot à dire aux côté de leurs homologues architectes ou urbanistes. Surtout que notre pays a consenti d’importants efforts pour leur formation depuis 1980.
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