
Inclusion financière : la CESAO salue les avancées du Maroc
- --
- 15 mai 2025 - 19:30 --
- Maroc
La Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO) a mis en avant les avancées notables réalisées par le Maroc en matière de généralisation du financement numérique et de promotion de l’accès aux services financiers.
Le Royaume se distingue, aux côtés de la Jordanie et de l’Égypte, par des réformes réglementaires innovantes et des programmes ciblés favorisant l’inclusion financière, malgré une conjoncture régionale préoccupante, précise la CESAO dans un rapport intitulé « Examen annuel des Objectifs de Développement Durable 2025 : l’inclusion financière dans la région arabe ».
Le document met toutefois en garde contre la persistance de l’exclusion financière dans la région arabe, relevant que près de 60% des adultes restent exclus du système financier formel, compromettant ainsi la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.
Les femmes figurent parmi les catégories les plus marginalisées, avec seulement 29% d’entre elles disposant d’un compte bancaire ou d’un portefeuille électronique, faisant de la région arabe l’une des zones les plus faibles au monde en matière d’inclusion financière des femmes.
L’écart entre les sexes atteint ainsi 13 points de pourcentage, précise le rapport. La situation est tout aussi préoccupante pour les personnes en situation de handicap, dont à peine 21% ont accès aux services financiers, en raison de pratiques discriminatoires, d’infrastructures inadaptées et de l’absence de politiques inclusives, relève la Commission.
Par ailleurs, le rapport pointe un écart préoccupant entre les zones rurales et urbaines, les ruraux ayant deux fois moins de chances d’accéder aux services financiers officiels que les citadins. Les travailleurs du secteur informel et les réfugiés font également face à des défis supplémentaires, les exposant davantage aux risques économiques et sociaux.
S’agissant des solutions numériques, le rapport relève une forte progression du paiement par téléphone mobile, avec un doublement du nombre de comptes électroniques entre 2020 et 2023. Toutefois, il met en garde contre l’émergence d’une « fracture numérique dans la fracture », en raison d’un accès limité à Internet, de la faible possession de smartphones et du manque de compétences digitales, entravant ainsi l’accès des populations les plus vulnérables à ces services. « Cette situation est particulièrement marquée dans les pays touchés par les conflits, où les services mobiles sont souvent indisponibles ou sujets à des interruptions fréquentes », explique la même source.
Le rapport souligne également que l’accès au crédit reste l’un des principaux obstacles à l’inclusion financière, avec seulement un adulte sur cinq ayant eu recours à un prêt auprès d’une institution financière formelle.
Cette situation, selon le rapport, freine l’innovation et la création d’emplois, notamment pour les très petites, petites et moyennes entreprises. Face à ces constats, la CESAO appelle à des réformes urgentes, incluant le renforcement de la protection des consommateurs, la promotion de l’éducation financière, l’intégration des questions de genre et de handicap dans les politiques financières, ainsi que la modernisation des infrastructures numériques.
La Commission onusienne insiste également sur la nécessité de développer des systèmes d’identité numérique interopérables afin de garantir un accès sécurisé et inclusif aux services financiers.
Le rapport replace enfin la question de l’inclusion financière dans un cadre plus large en matière de réalisation des ODD, rappelant que seuls 18% des objectifs mondiaux progressent conformément aux prévisions, tandis que de nombreux pays arabes connaissent stagnation ou recul dans ce domaine.
À cet égard, le responsable des affaires économiques à la CESAO et auteur du rapport, Mario Gallis, a affirmé que les services financiers « ne constituent plus un luxe dans la région arabe », estimant qu’en l’absence d’une véritable inclusion financière, il serait impossible d’éliminer la pauvreté, de soutenir les petites entreprises ou de parvenir à une croissance économique équitable et inclusive.
Commentaires