
L’ONU tire la sonnette d’alarme sur la spirale de la dette dans les pays pauvres
La montée du surendettement dans les pays à faible revenu compromet gravement les objectifs de développement durable, ont alerté les Nations Unies dans un rapport publié vendredi à New York. « L’emprunt est un outil de développement.
Aujourd’hui, il est devenu un obstacle », a lancé la vice-secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, qui présentait ce rapport lors d’une conférence de presse en prévision. Elle a relevé que cette crise “mine les fondations des économies les plus fragiles, et compromet l’avenir de générations entières”.
D’après ce document intitulé “Faire face à la crise de la dette : 11 actions pour libérer un financement durable” et publié en prévision de la 4è conférence internationale sur le financement du développement à Séville (30 juin-03 juillet), plus des deux tiers des pays à faible revenu sont aujourd’hui en situation de surendettement, ou à haut risque de le devenir.
En parallèle, plus de 3,4 milliards de personnes, soit près de la moitié de l’humanité, vivent dans des pays qui consacrent davantage de ressources au service de leur dette qu’à la santé ou à l’éducation. Un chiffre en augmentation de 100 millions en un an seulement, selon l’organisation internationale.
Prenant la parole à cette occasion, la Secrétaire générale d’ONU commerce et développement (CNUCED), Rebeca Grynspan, a indiqué qu’en 2023, les paiements liés au service de la dette ont atteint 921 milliards de dollars dans les pays en développement, contre 847 milliards l’année précédente.
Cette envolée est attribuée en grande partie à la flambée des taux d’intérêt sur les marchés mondiaux, a expliqué pour sa part Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’économie, notant qu’en une décennie, le coût du service de la dette a pratiquement doublé.
Face à cette impasse, le rapport propose un plan d’action en onze mesures, jugées “réalisables techniquement et acceptables politiquement”, selon Mahmoud Mohieldin, membre du Groupe d’experts du Secrétaire général sur la dette, qui intervenait lors de cette même conférence de presse tenue en mode hybride.
Il a relevé que l’enjeu est de désamorcer les risques immédiats d’effondrement économique et de renforcer les dispositifs de prévention pour éviter de futures crises. Les auteurs du rapport onusien recommandent notamment de réallouer et de renforcer les financements existants, notamment à destination des pays les plus vulnérables, de créer une plateforme de dialogue structuré entre créanciers et débiteurs et de consolider les capacités institutionnelles.
Il s’agit aussi de promouvoir une meilleure coordination des politiques économiques et une gestion plus rigoureuse des risques liés à l’endettement.
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