IPC 2018: le gouvernement affirme « une avancée importante », Transparency Maroc s’interroge

IPC 2018: le gouvernement affirme « une avancée importante », Transparency Maroc s’interroge

L'amélioration de huit rangs (3 points) du classement du Maroc dans l'Indice de perception de corruption (IPC) est « très honorable et non circonstancielle, ce résultat étant obtenu sur deux années consécutives », a affirmé, jeudi à Rabat, le Chef du gouvernement, Saâddine Elotmani.

Dans son allocution à l'ouverture du Conseil de gouvernement, M. Elotmani a évoqué le rapport annuel de Transparency International publié mardi, affirmant que pour la première fois le Maroc réalise un classement honorable à la fois au niveau africain et arabe qui dépasse la moyenne des groupes de pays africains, arabes, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Le Maroc a amélioré son classement ces deux dernières années, en passant de 37points/100 en 2016 à 40/100 en 2017 puis à 43/100 (2018), a-t-il insisté.

Après avoir salué les efforts de l'ensemble des intervenants, le Chef du gouvernement a souligné que « la lutte contre la corruption est structurelle et tributaire de la collaboration de tous: institutions constitutionnelles, pouvoirs judiciaire et législatifs, société civile, hommes d'affaires et médias. "Nous avons la volonté de faire mieux dans ce sens », a-t-il assuré.

À cet égard, M. El Otmani a indiqué que la Commission nationale Anti-Corruption (CNAC), qui a commencé son travail en 2017, tiendra une réunion dans les jours qui viennent pour faire le bilan de la période précédente et définir le programme 2019.

La réunion de la CNAC sera l'occasion de traiter des chantiers futurs en vue d'aboutir à davantage de réalisations, vu son l'impact certain cette dernière sur la vie des citoyens et les entreprises, a-t-il ajouté, relevant que l'objectif est d'obtenir des résultats palpables sur le terrain. M. Elotmani a appelé l'ensemble des départements ministériels à aller de l'avant dans la réalisation des chantiers de réforme « afin d'être au niveau des aspirations du Roi Mohammed VI et des citoyens », saluant certaines réalisations comme l'adoption de la loi relative au droit d'accès à l'information, la réforme des Centres régionaux d'investissements pour en faire des institutions publiques soumises au contrôle financier.

Il a également rappelé la mise en place de l'Agence de développement numérique qui doit veiller à la dématérialisation des différents services, de manière à faciliter la lutte contre la corruption et permettre des économies de temps et d'efforts pour les citoyens.

Le Chef du gouvernement a appelé tous les départements ministériels à se tenir prêt pour répondre aux demandes d'information conformément à la loi régissant l'accès à l'information, qui entrera en vigueur le 12 mars prochain.

Transparency Maroc reste dubitatif sur le classement

Selon la section locale de Transparency internationale, le classemement du Maroc ne reflète pas la réalité du terrain et du coup les représentant semble mettre en cause le travail de leurs collègues basés à Berlin en Allemagne.

Azzedine Akesbi, membre du bureau de Transparency Maroc, estime que: « Si l’État considère qu’en gagnant 3 points, il s’est sorti de la corruption, il est dans l’illusion la plus totale.». Selon ce professeur d’économie, le classement n’est en fait pas totalement fiable. Les scores obtenus par certains pays laissent imaginer des vices de forme. « Comment expliquer sinon que l’Arabie Saoudite, après l’assassinat de Khashoggi, obtienne un score de 49 points». Non sans s’arrêter sur la comparaison, il pointe du doigt la méthodologie employée lors des enquêtes, qui donne lieu à des écarts de notes considérables selon l’orientation de l’organisme qui la réalise.

Plus loin, il estime que les chiffres sont « incapables de traduire la réalité du terrain » et ajoute que « nous observons notre pays, nous observons la justice, nous observons les marchés publics, et nous pensons que la corruption se banalise de plus en plus. ».

L’économiste ajoute cependant qu’« Il y a des marché qui sont conclus dans la plus grande légalité. Cependant, lorsqu’on s’intéresse de près aux méthodes d’attribution de ces marchés, on se rend compte que la corruption y a joué un rôle. La légalité n’empêche pas la corruption. Et cela, même les panels les plus experts ont du mal à s’en rendre compte. »

Mouhamet Ndiongue

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