Banque mondiale dénonce le détournement de l'aide publique au développement
Une étude de la Banque mondiale révèle qu'en moyenne 7,5 % des sommes prêtées aux pays dépendants de l'aide finissent dans les paradis fiscaux, et donc dans des comptes bancaires offshore, anonymes et privés.
Ce n'est pas la première fois que la Banque mondiale se penche sur la corruption, mais c'est la première fois qu'un rapport chiffré établit une corrélation entre l'aide apportée et un gonflement des transferts de fonds vers les paradis fiscaux. L'étude de 45 pages, intitulée « L'aide financière accaparée par les élites », démontre en effet que lorsque la Banque mondiale prête des sommes, il existe systématiquement un pic des transferts d'argent vers les paradis fiscaux où des États qui protègent le secret bancaire, comme la Suisse et le Luxembourg.
Le document s'intéresse à 22 pays dépendants de l'aide, notamment les pays africains comme l'Érythrée, le Burundi, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, pour n'en citer qu'une partie. Selon ses auteurs, environ 5% des fonds versés disparaissent dans des comptes offshore. Cette fuite de capitaux peut atteindre parfois jusqu'à 15% des sommes prêtées par la Banque mondiale. L'estimation, précisent les chercheurs, ne tient compte que des transferts financiers et n'inclut pas les possibles dépenses immobilières ou en biens de luxe.
Ce rapport, très embarrassant pour la Banque mondiale, a provoqué des remous en interne. L'institution a notamment modifié certains mots-clefs. Ainsi, le lien de « causalité » suggéré par les chercheurs est devenu une « corrélation ». Coïncidence, corrélation ou lien de cause à effet, toujours est-il que l'économiste en chef de la Banque mondiale, Penny Goldberg, a claqué la porte le 5 février dernier.
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