L’islam, donc, n’est pas la solution… mais une absolution, par Hicham Rouzzak

L’islam, donc, n’est pas la solution… mais une absolution, par Hicham Rouzzak

Le chef du gouvernement, et aussi du PJD, lui-même bras séculier et politique du Mouvement Unicité et Réforme, dit que : « Je n’ai jamais dit et je ne dirai jamais que l’islam est la solution à tous nos problèmes car, tout simplement, je n’ai jamais cru à ça ».

Benkirane vient de déclarer voici quelques jours que la retenue sur le salaire d’un gréviste est une idée citée dans le Coran… suggérant que dans le Livre Sacré, il existerait « une sourate qui dispose de la retenue des journées de grève sur le salaire », et qu’il a cru voir et trouver dans le verset : « Et quant au ciel, Il l'a élevé bien haut. Et Il a établit la balance, afin que vous ne transgressiez pas dans la pesée » (55 :9).

Et c’est cet homme, ce même homme, qui dit aujourd’hui que… « L’islam n’est pas la solution ».

Benkirane avait été un jour à Dchira Jihadiya (près d’Agadir), et avait lié une affection divine à ce qu’il considérait être des réalisations de son gouvernement, lançant à la foule que « Dieu, loué soit Son nom, nous a placé sous Sa sainte miséricorde car, en effet, le prix du pétrole s’est effondré, le prix de l’essence a baisé et celui du gasoil aussi ». Puis il avait ajouté ceci : « Dieu, dans Son immense et incommensurable bonté, nous a comblé de ses bienfaits et a fait pleuvoir abondamment sur notre pays durant ces 4 années passées, 2012, 2013, 2014 et 2015. Il y a même des gens qui sont venus me dire que si nous avons perdu des proches lors des inondations, que Dieu les accueille dans Son saint paradis, mais, vous savez, cela fait 80 ans que nous n’avons pas vu ces pluies. Dans la région de Si Baha, on m’a dit et répété que cela fait 80 ans que cela n’était pas arrivé. Ils me disent qu’aujourd’hui, grâce à Dieu, au Sud, à Laâyoune et ailleurs, nous garantissons 4 à 5 ans d’élevage, et puis nos barrages sont remplis. Merci à toi, mon Dieu ! ».

Cet homme qui insinue le nom de Dieu dans sa campagne électorale est le même qui vient nous annoncer aujourd’hui que « l’islam n’est guère la solution ».

Et c’est ce Benkirane, toujours le même, et du temps où il s’opposait à la tenue du festival de Mawazine – quand il était dans l’opposition, bien évidemment –, qui avait dit, textuellement :

« Votre Majesté, l’islam au Maroc ne jouit pas du respect qui devrait lui être témoigné (Allah Akbar !, hurlait alors la foule)… Et c’est pour cela, mes chers frères, et comme l’avait dit le président du Mouvement (Unicité et Réforme) et celui du syndicat… quelle est cette constitution, quelle peut être cette constitution qui permette autant la régression de l’islam. Et bien nous, nous combattrons cela avec la dernière énergie (Allah Akbar, Allah Akbar ! hurle de plus belle, à s'en déchirer les cordes vocales, la foule de Benkirane)… ».

Benkirane, encore, qui appartient au même parti, qui vient du même Mouvement et qui siège aujourd’hui au sein du même gouvernement qu’un Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, a dit un jour qu’il soliloquait sur ce qu’on appelle la finance islamique :

« Les efforts entrepris pour introduire les banques islamiques au Maroc sont un jihad au nom de Dieu, dans l’objectif d’instaurer réellement la charia islamique »… mais aujourd’hui, il nous raconte que « l’islam n’est pas la solution ».


Benkirane est le chef du PJD et l’un des leaders du Mouvement religieux qu’il y a derrière, et c’est lui qui s’est entendu dire un jour par « el Maghraoui », le chantre du mariage avec des fillettes de 9 ans : « Si tu œuvres à propager et étendre l’islam, toi et ton parti, je vous garantirais de rester au pouvoir jusqu’à la fin des temps ». Aucun commentaire n’a jamais été fait sur cette « prophétie » par Benkirane, ou le PJD ou même leur Mouvement religieux, un commentaire où l’on se serait interrogé, par exemple… « Et où propagerons-nous donc cet islam ? Serait-ce dans un pays où l’Etat s’appuie sur « un islam tolérant », comme il est stipulé dans les premiers articles de sa constitution ? »…

Aujourd’hui, avec cette islamisation concertée et planifiée du discours politique de Benkirane et des siens, le chef du gouvernement a décidé de nous choquer, en nous disant, en toute simplicité, comme si de rien n’était, que « l’islam n’est point la solution » ???

Benkirane a demandé aux dirigeants de sa Jeunesse de former et d’éduquer leurs jeunes dans l’esprit que l’islam est le droit, et non la solution.

Mais, entre nous soit dit, le problème n’est ni dans les termes ni dans les formes, et encore moins dans l’islam.

Le problème de Benkirane et de ses amis/camarades/frères qui usent et abusent de la religion dans la solution, leur problème est dans la lettre « b »… l’islam n’est pas pour eux la solution, mais il est l’absolution…

L’absolution de tout confondre, politique et religion, foi et droit, de tout entasser et d’essayer de tout remettre à l’endroit, dans la logique qui consiste à s’armer d’une bouche et à déblatérer, et si ça coince, et à dire que « je n’ai jamais rien dit ».

Bon, pour résumer… Si on retient l’idée que cette affirmation de Benkirane « l’islam n’est pas la solution » est la conséquence directe d’une collusion entre religion et politique, pourrions-nous dire alors que le chef du gouvernement est devenu laïque, sans que personne ne nous accable ou ne l’accuse, lui, d’apostasie, d’athéisme, de mécréance et de non croyance en notre identité et notre islam, comme on pourrait l’attendre des amis de Bankirane ?

Al Ayyam

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