Un peuple résigné, un militant-député prêchant, et un Chef de Gouvernement ailleurs, par Taoufiq Kouddane
- --
- 29 mars 2016 --
- Opinions
« Qui croit fermer les yeux sur quelque chose se voit bientôt forcé de les fermer sur tout » (Rousseau)
M. Abdelali Hamieddine a récidivé, une nouvelle fois, dans la bêtise partisane en s’exprimant dans une tribune libre le 23 mars à l’adresse des enseignants-stagiaires ; date coïncidant avec le triste anniversaire de la lutte pour le droit à une éducation pour tous, une éducation égalitaire
Si la référence historique semble rester présente dans sa conscience politique quant au choix de la date de publication de son texte, il n’en reste pas moins vrai que son écrit manque de pertinence de contenu…
La dernière rubrique de M. Hamieddine (membre dirigeant du PJD et conseiller parlementaire), pour paraphraser Gustave Flaubert, était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire.
Se défilant de se prononcer sur la légalité et la légitimité des revendications des enseignants-stagiaires, M. Hamieddine a focalisé son argumentaire sur :
1/ Les pronostics politiques donnant le parti au pouvoir vainqueur aux prochaines élections.
2/ L’instrumentalisation et la récupération du mouvement des enseignants-stagiaires par des forces politiques adverses et hostiles.
3/ La proposition de sortie de la crise jugée « sérieuse » et présentée par le gouvernement.
Si ce n’est pas du chantage intimidant à l’approche des élections, cela y ressemble fort.
M. Hamieddine s’est donné la peine de montrer sa moralité et rien de plus. Je doute fort qu’il souffre d’insuffisance et d’incompétence pour comprendre cette situation dramatique des enseignants-stagiaires qui perdure depuis cinq mois et qui fait aussi le malheur des milliers de familles. C’est choquant de prétendre avoir des ailes de militant engagé dans la défense des droits de l’Homme, de venir faire la leçon et de ne pas condamner la répression du combat pacifique de ces professeurs de demain par la police.
M. Hamieddine n’est pas sans savoir que la vie politique marocaine est cadenassée par la majorité des partis politiques traditionnels. Il sait aussi que si le corps enseignant est mis en échec par un gouvernement qui le méprise c’est à cause du silence complice et approbateur des partis politiques et de la mollesse des réactions des syndicats. Une grève ouverte dans l’enseignement public et surtout privé aurait brisé l’intransigeance de la junte gouvernementale, l’aurait fait tomber et la crise aurait trouvé une issue de compromis.
M. Hamieddine aurait gagné en confiance s’il avait pris la peine d’expliquer les motivations de la décision gouvernementale qui ne sont ailleurs que dans les déclarations versatiles ou dans le sens commun des ministres…Décision, rappelons-le, prise dans un contexte économique difficile caractérisé par la régression du marché de l’emploi notamment au Maroc où les retraités ont plus de chance d’être recrutés dans les établissements privés que les nouveaux sortants des Centres de Formation, portant l’autocollant 90 sur leur dossier et laissés sur le bord de la route par le Chef de Gouvernement .
M. Hamieddine aurait dû se renseigner sur la faisabilité de la proposition du gouvernement qu’il qualifie de sérieuse avant de venir prêcher dans le désert. Les enseignants stagiaires seront des Enseignants et non des Fonctionnaires, dans l’enseignement, qu’on pourrait recruter à n’importe quel moment de l’année.
Le Chef de Gouvernement connaît-il son dossier ? Dans ce bêtisier, c’est lui qui en ferait les frais.….Hamieddine n’est que la voix de son maître.
Commentaires