Il est le Dieu de tous et des Deux Mondes, pas uniquement celui des musulmans, par Salah Elouadie

Il est le Dieu de tous et des Deux Mondes, pas uniquement celui des musulmans, par Salah Elouadie

Comme les autres, tous les autres, à travers le monde, j’ai suivi les informations sur les attaques terroristes qui ont secoué la planète, la dernière en date étant celle de Bruxelles.

Il y avait des informations inquiétantes sur ces explosions qui fauchent les gens, indistinctement… des infos relatant la saisie d’armes, ou des arrestations, des traques, des fuites ou des transports de gens aux hôpitaux… d’autres infos, douloureuses, sur le nombre de blessés ou de morts, ou encore sur la solidarité des survivants pendant ces moments apocalyptiques, ou enfin sur des actes héroïques d’individus anonymes.

Mais il y avait d’autres nouvelles, tragicomiques, risibles, à en pleurer… en pleurer comme pour cette info qui m’a laissée pantois, incapable d’y croire.

J’ai en effet lu cette nouvelle qui m’a stupéfait. Dans le site d’informations belge « la Capitale », un fait a été rapporté voici quelques jours, et qui n’a jamais été démenti depuis : le Conseil des oulémas de Belgique a refusé de réciter la « Fatiha » à la mémoire de tous les morts car une partie d’entre eux n’étaient pas musulmans. Voilà…

Quelle indigence d’âme et d’humanité ! Quelle déchéance de la pensée et de la foi ! Voilà une manifestation de bassesse et une cruelle marque d’infamie ! Une flétrissure absolue…

On peut diverger sur tout et différer en tout. On peut considérer que ces attaques sont une vaste manipulation, ainsi que l’ont déjà exprimé certaines personnes. On peut aussi estimer que les plans (néo) colonialistes sont derrière tout ce qui se produit aujourd’hui. On peut même imputer à l’Occident la responsabilité de ces actes…On peut également défendre l’idée que notre corpus religieux est tout à fait innocent de cette violence, partant du principe qu’il ne comporte aucun appel à la rancœur et à la haine… Tout cela reste discutable. Mais de là à refuser de réciter des prières à la mémoire de ceux qui sont morts au prétexte qu’ils ne sont pas musulmans, cela reste difficile à croire. Et c’est d’autant plus difficile à admettre que cela s’est produit dans un pays laïque, une nation qui a accueilli des musulmans, et leur a procuré des existences, permis d’exercer leurs cultes  et offert des garanties bien meilleures que ce qu’ils auraient trouvé dans nombre de leurs patries d’origine.

Les vies de ces victimes tombées ici, là, ailleurs, sous les coups des terroristes, ou encore sous les bombes et les balles au Moyen-Orient, ont été perdues injustement, sans aucune raison que l’esprit puisse imaginer et admettre. Mais au lieu de condamner avec vigueur les actes qui conduisent à ces pertes humaines, on préfère distinguer entre ceux des morts qui méritent nos prières et ceux qui ne le méritent guère… Entre ceux qui peuvent bénéficier de notre compassion et de notre chagrin et les autres… entre ceux à la mémoire desquels on prie pour la miséricorde et ceux qu’on délaisse, même après leur trépas… comme si c’était nous, simples mortels, qui procurons cette miséricorde…

Autre nouvelle, en parallèle… le pape François a procédé au lavage des pieds des migrants, musulmans ou non, chrétiens ou hindous…

Mais, bien entendu, bien évidemment, on dira que cela est une simple réalisation destinée à la consommation médiatique, conçue pour porter haut les valeurs de la chrétienneté et à les présenter sous leur meilleur jour… de la poudre aux yeux… tout et l’inverse et encore n’importe quoi, dirions-nous en voyant ces images de François… Las. Ce sont ce type de scènes qui font la différence… la différence entre ceux qui établissent des passerelles entre les gens, sans distinction ni différence, et ceux qui persistent à vouloir ériger des murs entre croyants et impies, entre ceux qui méritent la compassion et les autres, entre ceux voués aux délices du paradis et ceux qui ne méritent que les flammes de l’enfer… Et tout cela est commis dans une conviction aussi profonde que déviante, avant même tout jugement de Dieu…

Là, il me revient le souvenir d’une scène que j’ai vécue lors des funérailles d’un de mes frères, décédé voici deux ans des suites d’une longue maladie pour laquelle il recevait des soins dans les hôpitaux de France où il résidait… Nous étions attablés, mes frères et moi, en cette soirée funèbre, écoutant les psalmodies déclamées, emplis de notre chagrin pour la perte de notre proche… L’un de mes frères avait alors exprimé, en toute simplicité et avec encore plus d’humilité, ses sentiments de reconnaissance envers les infirmières françaises qui ont veillé le défunt jusqu’à ces derniers instants, avec amour, affection et douceur. Il avait dit que ces dames entreraient au paradis par la grande porte. Mais il a été soudain  interrompu par un des psalmodieurs qui, énervé et emporté, avait asséné qu’il n’y avait aucune chance pour que ces femmes impies puissent un jour connaître ce paradis. J’avais alors lancé un regard furieux à cet homme, lui lançant : « Monsieur, si ces infirmières devaient aller en enfer, alors je supplie Dieu (levant alors la tête vers le ciel) de m’y envoyer à mon tour, avec elles »… J’avais dit cela avec toute la sincérité du monde, divisant les rangs des présents, entre ceux qui en avaient souri et les autres, plutôt embarrassés…

Désolé de vous contredire, Messieurs,

Notre Dieu n’est pas un sadique injuste… Non, Messieurs, il est le Créateur, Miséricordieux et Charitable, Bon, Sage et Rédempteur, Compatissant et Bienfaisant… Il est le Seigneur des Deux Mondes et le Dieu de tous, pas uniquement des musulmans…

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