Des candidates aux élections sans visages, par Fatiha Daoudi

Des candidates aux élections sans visages, par Fatiha Daoudi

Je vous assure que ça existe ! Et tout près de chez nous, en Algérie qui se prépare à organiser des élections législatives, le mois prochain. Et donc comme l’exige la démocratie, les photos des candidats aux élections sont placardées dans différents endroits du pays.

Sauf que cette fois-ci, les candidats exhibent fièrement leur moustache alors que les candidates n’ont pas de visage car leurs traits sont « floutés », autrement dit effacés. Ainsi, les électeurs peuvent se trouver, au détour d’une rue, nez à nez avec la photo de la candidate qu’ils connaissent bien et pour qui ils ont l’intention de voter mais qui, pour la circonstance, a dû laisser ses traits chez le photographe.

Comment peut-on arriver impunément à ce degré de discrimination envers la femme ? Pourtant l’Algérie, même si elle ne figure pas en tête des pays démocrates, est un pays qui reste relativement structuré. Comment alors certains partis se permettent-ils de bafouer les femmes au point de les présenter voilées et sans visage ?

Est-ce une façon de répondre à l’obligation de présenter des candidates aux élections alors qu’elles n’en ont aucune envie ? Ou alors plus grave encore, est-ce le déferlement, depuis déjà quelques décennies, du wahhabisme qui a formaté les esprits au point de vouloir renier la moitié de la population que sont les femmes ?

Cette ascension dans la radicalisation sexiste devrait interpeller toutes les femmes maghrébines qui, à longueur de journée, se battent pour leur dignité et pour ya rabi ! (oh mon Dieu) une petite place dans la sphère politique. Ces femmes sont quotidiennement malmenées par un soi disant islamisme qui tout compte fait est tout simplement un machisme bête et méchant qui pousse l’outrecuidance jusqu’à présenter des candidates sans visage.

Ce qui arrive en Algérie peut parfaitement arriver dans les autres pays du Maghreb et requiert d’ores et déjà une vigilance des autorités et des populations, en particulier des femmes. Il y a tout lieu de croire que l’heure est grave car les droits humains universellement reconnus sont en danger dans nos pays, ce qui appelle à une solidarité sans faille.

Et comme disent nos anciens, candidates aux élections ou pas, les Maghrébines sont appelées à défendre le sang de leur visage, autrement dit leur dignité!

 

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