Rétro n°3 : La Task s’enfonce, Trump menace, le boycott mijote, CGEM et les autres
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- 30 avril 2018 --
- Opinions
La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais…
Lundi : Un forcené fou furieux fonce frontalement dans la foule qui fuit, à Toronto, au Canada. 10 passants trépassent, 15 autres sont blessés. Certains bienpensants pensent à la voiture bélier islamisée. Et bien non, il s’agit d’un jeune imbécile canadien qui a fait plus de mal que de peur. Son mobile ? Il n’aime pas les femmes. Misogyne donc, mais pas islamiste pour autant. Ça change…
Tout marche bien au Maroc : la campagne céréalière avance et réalise presque un record, avec une récolte égale à celle de l’année dernière, avec un million d’hectares de moins. L’affaire du Sahara marche, avec un projet de résolution quasiment écrit par notre diplomatie, puis voté par les autres. Le boycott de trois produits phares au Maroc marche enfin aussi, dans une extraordinaire entreprise de sape des champions nationaux par une colère tout aussi nationale. Mais d’où cela vient-il ? C’est trop gros pour être simple. On a dit que c’est le PJD, canal Benkirane, j’en doute… alors qui ? Rappelez-vous al Hoceima, puis Erfoud, puis le Tadla, puis Jerada, puis cette campagne… Enfin bon, le peuple est mécontent et il veut que ça se sache.
Mardi : La visite de la Task Force de la FIFA (part two) bat son plein. La semaine d’avant, les experts étaient venus, avaient vu, puis… les Marocains les avaient convaincus. Ils avaient alors demandé à la FIFA d’envoyer des experts encore plus experts qu’eux ne l’étaient, pour s’assurer que les experts Marocains ne surestimaient pas leurs exploits. Ils sont donc là, et on devait savoir en fin de cette semaine (voir plus bas), que finalement, « notre dossier est plus solide que jamais », selon une source bien placée de la candidature marocaine. La preuve, Trump menace…
Le président Macron est à Washington. Il offre un chêne à la Maison Blanche de Trump, et s’y enchaîne. Parti pour convaincre le milliardaire newyorkais du bien fondé du maintien de l’Accord avec l’Iran sur le nucléaire, il s’est laissé convaincre de le changer. C’était sans compter avec la réaction du premier concerné, l’Iran qui, quelques jours plus tard, devait rugir que « l’accord nucléaire ou tout autre sujet sous son prétexte n’est en aucune manière négociable », et pour mieux se faire comprendre, l’Iran ajoute qu’il « n’acceptera aucune restriction au-delà de ses engagements » initiaux. Bonne chance, M. Macron… il ne s’agit pas seulement de serrer la main de Trump, il faut aussi compter ses doigts après… Entretemps, le chêne planté a été déraciné, placé en quarantaine, comme Trump le voudrait avec l’Iran.
Mercredi : Le boycott se poursuit, énervé contre les produits boycottés, irrité contre les entreprises à boycotter, remonté contre leurs patrons ballotés, enragé contre les « traîtres » patentés. Boussaïd défend alors les entreprises pourvoyeuses d’emplois et d’impôts, il est insulté. Akhannouch vole au secours de « sa » filière laitière, employant près de 500.000 personnes, il est vilipendé. Ils sont comme ça les Marocains qui parlent peuple, veulent la démocratie et aspirent à la civilisation : ils insultent à l’envi ceux qui ne partagent pas leur avis. Le boycott est une arme sensible, elle doit être utilisée à bon escient, et clairement. Ce n’est pas le cas, même si les entreprises ciblées doivent réagir.
Jeudi : « Moumk’in » est la plateforme d’Elotmani, Saadeddine de son prénom et chef de gouvernement de son Etat, pour créer 1,2 million d’emplois d’ici 2021. Officiellement, Moumk’in, « vise à obtenir un impact significatif sur la création d'emplois à court et moyen termes, ainsi qu'à mobiliser les forces vives du pays, y compris les jeunes et ce afin de créer une dynamique sociétale en vue d'impulser des changements de mentalités et de comportements chez les différentes composantes de la société, toutes générations confondues ». On attendra, quand même, que tout ce monde, déjà mobilisé, ait fini de boycotter !
Vendredi : Pour la présidence de la CGEM, Hakim Marrakchi se lâche et attaque Salaheddine Mezouar dans un tweet rageur où il cause patronat INDEPENDANT (sic) et où il ajoute : « un parti politique a-t'il jamais défendu l’entreprise? ». Certes, mais même pour M. Marrakchi, il est plus facile d’attaquer son challenger que défendre l’entreprise… A moins que, peut-être, qui sait, dans le camp Marrakchi, on ne défend pas les entreprises appartenant à Akhannouch et Miriem Bensalah, laissant la chose à un Mezouar encore plus taiseux que jamais.
On a dû révéler, finalement, à Donald Trump que son pays est candidat pour l’organisation du Mondial 2026 de foot, contre un pays qui s’appelle le Maroc, un pays lointain, africain, incertain, peuplé en grande partie d’Arabiens. « Le Maroc ?, répond Trump en fronçant le sourcil, attendez voir… n’est-ce pas ce petit pays dont on me parle depuis quelques jours à l’ONU ? ». « N’est-ce pas ce pays que nous avons soutenu vigoureusement cette fois au Conseil de Sécurité ? Pondons-lui alors un tweet qu’il comprendra ». Et le tweet fut. Ne cherchez pas un lien entre le Sahara et Mondial, il n’y en a pas. Ou peut-être que si, finalement…
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2414 sur le Sahara, épinglant le Polisario et sa maison-mère l’Algérie, qui le soutient. A retenir, ce mot savoureux de notre ambassadeur à New York Omar Hilale, sur le chef de la diplomatie algérienne qui a fait selon notre diplomate son « coming out » quant au soutien de son pays au Polisario. Savoureux… Toujours est-il que la résolution avantage le Maroc, sans conteste. Alors ? « Alors on danse »…
Samedi : Les « Chibanis » se réveillent avec de gros chèques de 200.000 euros chacun, ou la promesse de leur imminence. Les Chibanis, ce sont ces anciens cheminots de la SNCF qui s’étaient sentis discriminés, qui avaient esté en justice voici 12 ans, et face auxquels la SNCF jurait la main sur le cœur, qu’elle les avait bien traités. En janvier, l’entreprise publique a encore été condamnée en appel, et le Défenseur des droits en France, un homme sérieux, a imputé la discrimination dont ont souffert ces 848 Marocains (statut différent des Français, retraites rognées, formations interdites....) relevaient du « passé colonial de la France ». La SNCF, entreprise raciste ? Jamaiiiis, mais elle déboursera quand même 160 millions d’euros de dommages-intérêts aux Chibanis. SNCF pas raciste, mais Chibanis ravis...
Dimanche : Les médecins algériens, grévistes, tenus d’assurer les gardes, baissent la garde et désertent leurs urgences. Abdelkader Messahel ne pourra donc plus recevoir de soins d'urgence, malgré l’urgence de son état et la déliquescence de son Etat.
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