Rétro n°10 : Silence au Maroc, absence à Maroc 2026, Son Excellence Turki, outrecuidance à Singapour, conscience en déshérence  

Rétro n°10 : Silence au Maroc, absence à Maroc 2026, Son Excellence Turki, outrecuidance à Singapour, conscience en déshérence  

La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais…

Lundi. Le Maroc, ce pays où le mutisme est roi et où le silence fait loi… L’ONSSA égrène des chiffres et des lettres, mais ne dit pas si oui ou non, de manière convaincante, le lait consommé est conforme aux règles de survie. Pour l’Accord de pêche avec l’UE, on parle constance des relations, excellence de la coopération, pertinence des discussions, mais on ne dit pas comment on va régler l’affaire des eaux marocaines au Sahara pour les bateaux de l’UE. Pour Maroc 2026, on ne dit rien, tout simplement. Mais bon, par les temps qui courent, le silence est d’or, et tout le monde dort.

Mardi. Oncle Donald et le jeune Kim se rencontrent, finalement, à Singapour. « Extraordinaire », « fantastique », « magnifique », le président US ne lésine pas sur les promesses, son jeune confrère ne rechigne pas à la caresse. Beaucoup d’images, de la com’… mais pas grand-chose au final. Les deux hommes ont eu leur photo, pour s’en aller s’en vanter auprès de leurs opinions publiques. Les Américains se pâment devant leur grandiose chef, et les Nord-Coréens n’ont d’autre choix que de pleurer de joie, pour éviter de pleurer de douleur en cas contraire. Oncle Donald et Rocket Man ont tenu un tête-à-tête et Panorapost révèle en exclusivité mondiale la teneur de cette rencontre : ils ont comparé leurs boutons et sont tombés d’accord sur leurs tailles respectives.

Mercredi. Le président de la FIFA Gianni Infantino est à la manœuvre. Mission du jour : attribuer le Mondial 2026 aux Nord-américains. Mission très possible, et mission accomplie, au-delà de toutes les espérances. Après la Task Force qui a répété ad nauseam  que le Maroc n’est pas apte à organiser un Mondial, après les défections arabes et africaines, après une campagne marocaine inexplicablement molle malgré les apparences et les assurances, après les menaces de Trump non relevées ni sanctionnées par la FIFA, le résultat est 134 contre 65. Il est plus troublant de constater que le Maroc a facilement accepté sa défaite, malgré deux fédérations (Liban, Guinée) qui ont attesté avoir voté Maroc, mais avoir été comptabilisées Amérique du Nord. Ne cherchons pas à (trop) comprendre les choses. Cela ne nous concerne pas… Et puis, au lieu de notre désastreuse Malhama, on n’aurait pu grassement payer Shakira pour une variante de son « Waka Waka, this time for Africa ».

L’Arabie Saoudite devient officiellement le 51ème Etat américain, chargé de la basse besogne, dirigé par quelques charognes, qui cognent. Turki al-Sheikh sert son maître le prince qui a montré patte blanche à la Maison Blanche et sa face sombre de dirigeant qui sombre dans ses contradictions.

Jeudi. Au Mondial, la Russie joue le match d’ouverture contre les Saoudiens. A la tribune officielle, Poutine, Infantino et Mohamed Ben Salmane. 1er but, le tsar sourit ; deuxième but, le tsar rit, au 3ème  but, le prince dépérit. Au 4ème but, la raclée est là, Poutine est gêné, et le prince est très peiné. Au 5ème but, le tsar jette un œil inquiet au prince, qui pense déjà à l’identité du bourreau. Turki al-Sheikh, l’homme à tout faire du prince, est dans ses petites sandales. Il s’excuse auprès de son maître, les yeux cernés, ou au beurre noir… 5 buts encaissés, autant que les piliers de l’islam.

On apprend que le Maroc sera candidat pour le Mondial 2030. Ce sera la 6ème fois, et il existe de fortes chances que le royaume obtienne enfin  cette coupe du monde… à l’ancienneté. Ce serait salutaire  en effet car il risque d’avoir face à lui Argentine-Uruguay, Royaume-Uni et Chine.

Vendredi. Marocains et Iraniens entrent en scène et s’annulent, dans un match nul, à tous points de vue. Match physique, Iraniens déchaînés, enchaînant les cartons jaunes. Prises de tête entre joueurs des deux camps, mauvais coup à la tête pour Amrabet, tête malheureuse de Bouhaddouz, les Marocains (joueurs et publics) se prennent la tête, mais s’entêtent à vouloir faire quelque chose dans ce Mondial. On marche sur la tête.

Le match Espagne-Portugal  tient ses promesses, la première étant que ce seront eux qui passeront et que face à eux, les autres trépasseront. Pour les premiers, la messe est dite ; pour les seconds, les Iraniens pourront invoquer leur messie tant attendu, pendant que les Marocains ont bien conscience qu’ils ont tout (et en tout) perdu.

Samedi. A Washington, l’hécatombe des collaborateurs de Donald Trump continue. Après les démissions et les révocations, voici venu le tour des arrestations… prélude d’une destitution. L’ancien directeur de campagne du président Paul Manafort aura fort à faire pour prouver son innocence, malgré les coups de gueule, de poings et de menton du chef.

Algérie et Polisario, ou Algésario, perdent pied mais ne lâchent pas prise, voulant garder la main sans perdre la tête. Ils attaquent la Commission européenne devant la cour de justice européenne pour la question de l’accord de pêche avec le Maroc. Mais entre Bouteflika qui n’en peut plus d’être président, et Brahim Ghali qui n’en peut plus d’essayer de l’être, les choses ne sont pas gagnées, et on sent même qu’ils vont les perdre.

Dimanche. L’Aquarius n’a pas fait naufrage, mais la dignité de l’Europe, si… la grandeur italienne, encore plus… la douce France, aussi, un peu, quand même. L’extrême-droite européenne relève sa tête hideuse au sein d’un Vieux Continent qui prend des rides. Merkel a déjà donné, May a d’autres problèmes, Macron aligne les belles phrases pleines d’emphase, mais on s’en lasse. Pendant ce temps, les Africains arrivent et continueront d’arriver. Il ne fallait pas les piller d’abord, leur vendre des armes ensuite, et s’étonner après qu’ils veuillent dégager de leurs pays.

A la semaine prochaine.

Aziz Boucetta

 

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