Farid Mezouar: "Les OPCVM peuvent investir 10% de leurs actifs nets à l’étranger"
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- 30 novembre 2018 --
- Opinions
Selon les derniers chiffres disponibles pour 2017, les organismes de placements collectif en valeurs mobilières qui le peuvent n'osent pas investir ou placer en devises. Pourtant, selon les cycles, ce potentiel d'investissements à l'étranger existe bel et bien. D'ailleurs, c'est ce que nous confirme, dans cet entretien, l'expert des marchés financiers et directeur exécutif de FL Markets Farid Mezouar (ci dessous). Les propos
Panorapost: Quelle analyse faites- vous du marché boursier marocain ?
Farid Mezouar: En 2018, le MASI affiche une contre-performance annuelle de -10%. Cette variation reflète tout d’abord une prise de bénéfices après une hausse cumulée de 38,8% de l’indice boursier en 2016 et 2017. Ensuite, 2018 a été une mauvaise année pour les marchés émergents et frontières à cause de la hausse continue des taux de la FED. Ainsi, même si la Bourse de Casablanca est faiblement connectée aux marchés mondiaux, tout mouvement de vente se traduit en pression baissière vu la faible liquidité actuelle. Enfin, d’autres phénomènes ont pénalisé la Bourse comme l’atonie de l’immobilier ou l'essoufflement de la croissance voire la campagne de boycott.
La bourse de Casablanca s'apprête à accueillir une nouvelle recrue "Mutandis". Que pouvez-vous nous dire sur cette introduction et sur ce groupe ?
Le retour des introductions en bourse comme la relance des privatisations par l’Etat, sont des éléments très positifs pour la Bourse qui permettent d’enrichir l’offre et de contacter de nouveau les investisseurs étrangers. Pour revenir à Mutandis, cette société est un groupe industriel spécialisé dans les biens de consommation des ménages, au Maroc et en Afrique. Mutandis est ainsi présent notamment dans les jus de fruits qui représentent 2,6% de l’Excédent brut d'exploitation (EBE) , les détergents (47% de l’EBE), les produits de la mer (30,5% de l’EBE) et les bouteilles alimentaires (25,9% de l’EBE)
Vous venez de lancer un nouveau site dédié au CAC 40 depuis le Maroc. Pourquoi ce choix ?
Effectivement, FL Markets, la société éditrice du premier site marocain de l'information financière (www.flm.ma) a procédé au lancement de Bourseanalysis (www.bourseanalysis.fr) qui couvre la Bourse de Paris avec un focus particulier sur le CAC 40. Bourseanalysis est l'un des premiers sites édités à partir du Maroc, à couvrir la Bourse de Paris. En effet, dans le cadre de sa stratégie de développement, FL Markets, est en train de dupliquer le modèle Flm vers d'autres marchés financiers susceptibles d'intéresser les investisseurs marocains comme les OPCVM, les MRE ainsi que les personnes physiques qui le peuvent. Ainsi, nous avons débuté par la France mais d’autres marchés seront visés comme la BRVM (Afrique de l'Ouest) et la Tunisie voire l'Egypte et l’Algérie.
Quel est, à votre avis, le potentiel des investissements à l'étranger pour les OPCVM ?
Tous les organismes de placements collectif en valeurs mobilières (OPCVM) qui ont mis à jour leurs statuts, peuvent consacrer jusqu’à 10% de leurs actifs nets à des opérations de placement en devises à l’étranger, dans les limites, règles et conditions de la réglementation en vigueur. Toutefois, malheureusement, cette option semble être faiblement utilisée car à fin 2017, selon l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), la part des placements à l’étranger dans l’actif net global des OPCVM est demeurée stable par rapport à 2016, et s’est maintenue à un niveau nettement inférieur au maximum autorisé de 10%. En effet, l’encours des investissements réalisés par les OPCVM à l’étranger se situe en 2017 à 3,88 milliards de DH, soit seulement 0,93% de l’encours global contre 0,9% un an auparavant. De plus, les titres de dette marocaine libellés en devises représentent, à fin 2017, 59,18% des placements à l'étranger.
Qu'en est-il pour les particuliers ?
Comme pour les OPCVM, pour les particuliers, l’investissement à l’étranger est parfois une aubaine. A titre d’exemple, le MSCI USA affiche actuellement sur un an glissant, une performance de 1,16% alors que le dollar a gagné 0,3% contre le dirham sur la même période. Durant, cette période, le MASI a perdu 11,2%. Toutefois, malheureusement, une majorité des particuliers résidents ne peut pas investir en direct à l’étranger. En effet, seuls les MRE ou ceux qui ont bénéficié de la contribution libératoire, ont cette possibilité. D'où, l'intérêt d'avoir des OPCVM structurellement exposés aux 10% possibles à l'étranger, ce qui permettra aux particuliers qui le souhaitent d'investir indirectement en devises.
Propos recueillis par Kaoutar Fatouaki
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