(Billet 2) - 2018 nous salue, 2019 nous attend…

(Billet 2) - 2018 nous salue, 2019 nous attend…

Une année, une autre, s’en va… et une nouvelle année, une autre, s’en vient… Les gens ont pour habitude de se présenter les meilleurs vœux, de type santé, succès, prospérité… Pour le basculement 2018/2019, et vu comment se sont passées les choses en 2018, les Marocains vont échanger ces vœux un rictus aux lèvres, une sorte de sourire jaune canari ou jaune gilet, exprimant leur scepticisme.

En 1995, Hassan II avait déclaré le Maroc en état de quasi crise cardiaque. En 2018, les Marocains se sont mis en situation d’AVC. Tout est noir, sombre, rien ne marche, ça patauge, et le pays est paralysé, comme on le serait suite à un AVC.  Et pourtant…

Si le royaume est dans cet état, que son Etat cafouille, que ses institutions bafouillent, que sa société s’impatiente et que ses jeunes frappent du pied, c’est parce que justement beaucoup de choses ont changé, bien qu’elles ne soient pas visibles. Du moins pas à nos gouvernants qui ont l’immense tort de rester béats et de dénoncer, les joues roses, la "sinistrose"...

En effet, un boycott aussi inédit que rude a frappé certaines entreprises, et jeté plein d’autres dans les abris, par prudence. La CGEM a bien élu un nouveau président, mais celui-ci se contente de multiplier les rapports, et de visiter les aéroports, sans apport. Des ministres ont été virés, mais il n’est pas tout à fait certain que leurs remplaçants soient de meilleure facture ; ce qui est sûr, en revanche, est qu’ils sont taiseux. Les partis soliloquent savamment sur un modèle économique qu’ils sont semble-t-il bien incapables d’exposer de manière convaincante. Les syndicats ne veulent plus rien dire, et ne disent plus rien, ou bien n’importe quoi.

Et pourtant, dans ce pays, deux éléments fondamentaux de l’équation nationale ont radicalement changé, en l’occurrence le roi et le peuple.  Depuis l’année 2000, il y a eu une relève générationnelle, avec des jeunes mieux informés, plus impatients, désormais intraitables…Le roi, après un retrait de quelques mois, une phase d’observation/méditation en quelque sorte, est revenu avec une nouvelle méthode de travail, occupé par la jeunesse, préoccupé par l’inanité des politiques, cherchant les réponses aux questions que la population se pose, et pose. Mais aucun de nos gouvernants n’a vu et compris ces deux changements, d’où viendra le salut.

Et si, peut-être, une autre révolution du roi et du peuple ? La révolution doit avoir une cause (pas de politique), une réaction à cette cause (boycott et interventions du roi) et une crise (résultante de l’affrontement entre la cause et la crise). Les autres seront forcés de s’adapter, ou de quitter.

Heureuse année 2019.

Aziz Boucetta

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