(Billet 3) - Le CAC 40 a compris l'inclusion… et la CGEM ?
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- 02 janvier 2019 --
- Opinions
La France chauffe avec la fièvre jaune et son jeune président y est sévèrement malmené. Emmanuel Macron alterne fugues, petites phrases et grands discours, mais sans vraiment convaincre « ceux qui, avant de penser à la fin du monde, s’inquiètent de leurs fins de mois ». Un chef d’Etat, même doté des plus grands moyens, même à la tête d’une grande puissance, ne peut rien faire seul. D’où le concours inespéré qu’ont décidé de lui apporter 13 patrons du CAC 40.
Plusieurs grands chefs d’entreprises sont en effet allés à l’Elysée, ont écouté, vu, et compris. « Nous avons la conviction partagée qu’il est urgent que l’économie de notre pays soit plus inclusive, que l’économique et le social aillent de pair, que le tissu social se reconstruise à partir du tissu économique. (…) Les décideurs économiques que nous sommes souhaitons nous engager collectivement dès aujourd’hui pour apporter des solutions et pour conforter un contrat social qui doit tous nous unir »., disent ces 13 patrons, qui se sont engagés à une série de mesures, spectaculaires, dans les domaines économique, social, éducatif, écologique…
Pourquoi les patrons français ont-ils saisi qu’une croissance doit être inclusive ou ne pas être, et que les patrons marocains ne l’ont pas encore compris ? Si les entreprises persistent à s’enrichir éhontément et que les citoyens continuent de s’appauvrir indéfiniment, le désordre s’installera. Gilets jaunes là-bas, boycott ici, les mouvements diffèrent dans la forme mais se ressemblent dans le fonds et le non.
Au Maroc, à la CGEM, les banques, les distributeurs, les opérateurs, les assurances font de l’argent, beaucoup d’argent, énormément d’argent. Plus de 2 milliards de DH de bénéfices par an pour certaines banques qui font du social de salon, des centaines de millions de DH pour d’autres qui se partagent le gâteau et se donnent bonne conscience en distribuant ses miettes.
Qu’attendent ces entreprises pour donner plus, encore plus, bien plus qu’elles ne le font actuellement ? Pourquoi les patrons marocains (1), qui ont souvent fréquenté les mêmes écoles que leurs pairs français, réfléchissent différemment et réagissent autrement qu’eux ? M. Mezouar, qui aime tellement les voyages et les selfies, sera-t-il capable de comprendre les choses et de réagir, anticipativement, comme l’homme d’Etat qu’il pourrait bien devenir, un jour ?... Il devrait. La CGEM est-elle prête à basculer en Collectif Généreux d’Entreprises Mécènes ? Elle pourrait.
Aziz Boucetta
(1) Il existe bien sûr quelques rares exceptions, qui se reconnaîtront...
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