(Billet 6) - On ne peut réclamer le respect de sa vie privée quand on s’immisce dans celle des autres

(Billet 6) - On ne peut réclamer le respect de sa vie privée quand on s’immisce dans celle des autres

Comment peut-on raisonnablement exiger le droit à une vie privée quand on est un personnage public intrusif ? Quand on exerce une fonction officielle, qu’on est mandaté par le peuple, qu’on campe au sommet d’un panthéon autoproclamé de morale et de vertu, qu’on critique les libres choix des autres, qu’on excommunie à tour de bras, on ne peut valablement prétendre à protéger une existence privée qui ne répond pas aux codes que l’on affiche en public. Ainsi vont nos politiques en général, et certains dirigeants du PJD en particulier…

… Comme la députée PJD Amina Maelainine, dont des photos circulent depuis plusieurs jours sur le web, la montrant délibérément dévoilée, détendue, décomplexée, débarrassée de ses oripeaux habituels, « officiels », à Paris. Elle se défend avec force et vigueur sur Facebook ; son groupe parlementaire et son parti l’ont soutenue aussi, par communiqués. Mais personne ne dément clairement, explicitement et catégoriquement l’authenticité des clichés.

Son collègue de parti et de pudeur Mohamed Yatim, pris en photo à Paris, déambulant aussi galamment que nuitamment, la main dans celle de sa dulcinée, avait produit des explications. Il s’agit de sa fiancée, dont la main, avant d’être tenue à Paris, avait été demandée officiellement à Rabat. C’était convaincant et suffisant, et l’affaire avait fait pshittt, après de solides remontrances du MUR. Pour sa part, l’égérie du MUR/PJD Fatema Nejjar, surprise en train de pratiquer de la main gauche ce qu’elle interdit aux autres de la main droite, index dressé, a disparu. Le couple Choubani-Benkhaldoune a dû quitter le navire gouvernemental pour s’en aller croiser ailleurs sur les flots de sa flamme…

…et Mme Maelainine devrait aujourd’hui agir de même, faire acte de pudeur à défaut de contrition, elle qui n’a été soutenue par son parti que du bout du clavier, et par son groupe que par la force de la haine qui les unit contre le reste du monde. Brailler sur les réseaux ne saurait faire oublier le port d’une tenue débraillée quand on est une pasionaria qui prône la vertu et la retenue…

Chacun a certes droit au respect de sa vie privée, à la condition expresse qu’il respecte celle des autres. Ce n’est pas le cas de Mme Maelainine, dont les saillies sur les mœurs sont assourdissantes. En conséquence, cette affaire n’est non seulement plus une affaire d’ordre privé, mais elle devient publique car la dame est personnage public, connue du grand public et influente auprès de lui, pour s’immiscer entre autres dans sa vie privée.

Le PJD l’a-t-il compris ?… Sans doute, car même Ramid ne l'a pas défendue... Qui vit de la pudeur périra par l'impudence.

Aziz Boucetta

 

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