(Billet 12) - L’irrésistible « normalisation » du PJD

(Billet 12) - L’irrésistible « normalisation » du PJD

L’histoire ne se répète pas, dit-on… mais peut-être que si, finalement, du moins si l’on observe la lente, irrésistible et inexorable bascule du PJD vers … la normalité. Un air de déjà vu, qui rappelle la même trajectoire quand jadis l’Istiqlal devenait presque « banal » après avoir été LE parti ou, plus récemment, lorsque l’USFP, douce héritière de l’UNFP, s’était normalisée à son tour… Et bien, pour le PJD, c’est pareil.

Au commencement, en effet, il y eut la barbe, drue, raide et intraitable. C’était à l’époque des obscures et inquiétantes mouvances islamistes, qui commençaient à se frayer un chemin, sous le règne de Hassan II et l’œil de Settat de Basri. En ces temps-là, sans le dire, les islamistes voulaient tout. Tout ? Tout. Mais avec sa maestria politique et son carnet d’adresses politiques quasi inépuisable, le roi défunt avait tactiquement trouvé un point de chute à ces jeunes islamistes en devenir, MM. Benkirane, Elotmani, Yatim, et d’autres. C’était le temps du MPDC du Dr Khatib, qui s’était occupé de les lisser et policer.

Perdant donc la lutte idéologique, nos valeureux barbus réduisirent le voile et la barbe, puis se rabattirent sur le terrain politique, mais portant toujours leur stricte intégrité en bandoulière.

Le MPDC disparaît avec le 20ème siècle et le PJD point avec le 21ème… navigant sur la vague de l’islamisme numériquement importé de l’est, puis solidement (im)planté sur nos terres. Dans la bouche de ses chefs, on n’entend plus causer que valeurs morales et valeur des hommes (et accessoirement des femmes), pudeur et foi, justice et arabité… et par-dessus tout, intégrité et probité.

C’est bien qu’un dirigeant politique soit intègre et probe, mais quand il en fait un programme de gouvernement, sans rien d’autre, cela donne de l’incompétence. Et surtout de l’inconstance… A trop durer aux affaires sans presque rien faire, on finit par en goûter les délices, et à mettre une cagoule au spirituel, pour embrasser le temporel à pleine bouche. Et c’est ce qui s’est produit… noce gouvernementale à Rabat, sauterie balnéaire à Mohammedia, promenade nocturne et dolce vita débridée à Paris… Du sacrifice on est passé aux artifices, à la frugalité on a préféré l’opulence, et la lubricité a remplacé la continence. La vie, quoi…

Et voilà le PJD qui perd sur le terrain moral, aussi. Or, l’histoire du royaume montre que, comme l’Istiqlal et l’USFP autrefois, quand on renonce à l’idéologique et qu’on restreint sa morale, c’est l’errance politique qui commence. Et qui ne s’arrête jamais…

Cela porte un nom, l’ambition humaine, et cela a une cause, l’irrésistible passion de l’homme pour le pouvoir.

Aziz Boucetta

 

 

 

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