Sénégal : Un hold-up électoral serait-il en gestation ?
Alors que le dépouillement des résultats n’est pas achevé, le camp du Président Macky Sall, par la voix de son premier ministre et directeur de campagne, Mahammad Boun Dionne est sorti violemment déclarer la victoire de Macky Sall au premier tour de l’élection présidentielle sénégalaise. Quelques heures (5 heures exactement) après la fermeture des bureaux de votes, le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne a validé le succès de son camp avec «au moins 57%».
Cette sortie anti démocratique, illégitime et inconsciente de M.Dionne semble indiquer la voix aux juges constitutionnels qui depuis la prise de pouvoir de Macky sont accroupis pour servir le « lion » Macky. Et quelle vérité et légitimité, le Premier ministre s’autorise des verdicts qui ne relèvent absolument pas de ses compétences ? Mais l’Afrique a ses démons et ceux-ci surgissent que pendant les élections.
Rappelons qu’en 2012, le même scénario avait été tenté par des faucons et autres courtisans du président Wade, lorsque ce dernier tentait aux forceps de passer pour un 3ème mandat dont le peuple avait vigoureusement combattu. Et voilà que sept ans après, les victimes d’hier s’adonnent à la même ignominie.
Qui autorise un Premier ministre d’un gouvernement en partance, à annoncer des résultats électoraux et la victoire de son camp ?
Où sont ces appendices démocratiques appelées « observateurs » de l’Afrique et de l’Europe ? Ils observent quoi ? Ils voient quoi ? Leur utilité, depuis longtemps mise en doute, est aujourd’hui complètement sans nécessité. Ils ferment les yeux sur les errements de la presse de leur continent ; ils se bouchent les oreilles, le nez, les yeux, quand un Premier ministre sortant donne des résultats à des heures indues.
Ces observateurs n’ont rien vu, rien entendu, qui « pourraient entacher » la crédibilité du scrutin ! Leur traditionnel refrain ! Evidement, ils sont logés, nourris, blanchis même, par le palais. Qui n’est autre que la République dont ils sont venus observer le fonctionnement.
La presse, dont beaucoup de « patrons » sont dans l’attelage gouvernemental à l’image du chanteur, Youssou Ndour, par ailleurs propriétaire d’un groupe de presse, devenu ministre conseiller et de beaucoup d’autre PDG de presse très proche du pouvoir, entretiennent des liaisons dangereuses avec le pouvoir en place. Liaisons qui peuvent comme tous les amours interdits, conduire à des actes et dérives ...impropres.
Nul n’a besoin de le répéter, l’exemple de la radio des mille collines - étincelle du génocide rwandais - reste tristement dans les mémoires. La vitrine de la démocratie sénégalaise déjà craquelée risque bien de voler en éclat.
A côté des « patrons » de presse, se trouvent les troubadours et des transhumants politiques qui par la force de leur proximité du pouvoir, se chargent de la propagande afin de faire absorber ce coup d’Etat électoral. Jadis militants des droits de l’homme, hommes politiques radicaux et personnalités religieuses, ils ont tous retourner leurs vestes pour les lambris d’orée du pouvoir.
Il faut le dire avec force : ce qui va se passer est de la stricte responsabilité du gouvernement sortant et de ses affidés. En voulant coûte que coûte rester au pouvoir, en forçant pour le premier tour, le candidat-président sortant est comptable de toutes les dérives à venir.
Mouhamet Ndiongue
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