Zoom n°28 : Le temps des croisades
La prétendue crise des migrants a contribué à remettre en cause le concept d’identité en France et en Europe. Mais la France, elle, traverse une véritable crise d’identité si ce n’est un reflux de la France du 11éme siècle.
Le débat sur l'identité française a pris de l'ampleur depuis les attentats de « Charlie Hebdo » et de plusieurs endroits à Paris en 2015. Cela ne signifie pas qu'elle n'a pas été théorisée de manière intensive depuis des années. L'ex-président Nicolas Sarkozy a constaté une telle urgence qu'il avait même organisé un débat national sur l'identité française en 2009. Et sans suite. On se souviendra néanmoins l’intention de rééditer l’histoire des pogroms.
Au finish le débat aura apporté pas grand-chose car chargé d'idéologie, les étrangers et les musulmans vivant en France étant souvent pris dans le feu croisé de critiques indifférenciées et d'émeutes. En outre, de nombreux citoyens ont perçu le débat comme une tactique de campagne. Parce qu'en mars 2010, des élections régionales avaient eu lieu en France, mais l'opposition socialiste et le Front national avaient triomphé, pas le parti de Sarkozy, l'UMP (aujourd'hui: Les Républicains, les Républicains). Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui use de la stratégie et va à la chasse du gibier de l’extrême-droite. Comme quoi, la chasse aux voix n’a pas de moral.
Pourtant rien de nouveau sous le ciel européen où la tension est permanente : migrations et réfugiés, gestes menaçants et guerre civile, érosion des valeurs, problèmes d'identité, déplacements, guerre économique, difficultés climatiques et affrontement des civilisations, tout était déjà là et bien pire. Le stress actuel provoqué par le Brexit et les flux de réfugiés semblent être une brise légère par rapport à la tempête qui a sévi il y a 1 500 ans en Europe et en Méditerranée. Un empire entier a été imbibé et a explosé, une culture ancienne a été suscitée par les peuples migrateurs et les armées en maraude, creusée par des problèmes structurels, secouée par des soulèvements religieux et sociaux et des guerres civiles. On parle bien du temps des pogroms.
Une certaine arrogance et décadence auraient joué un rôle dans la chute de l'empire romain. Aujourd'hui, on reprend les mêmes méthodes par des phénomènes de vices et de délabrement qui sont souvent appelés indicateurs de crise et appliqués à la situation actuelle.
Lorsque l'on regarde la césure d'il y a 1500 ans, le sombre Moyen Âge est généralement annoncé et le déclin de la civilisation ancienne se plaint. Ainsi, le projet médiéval européen à l’image des tribus de l’ère secondaire refait surface.
Mouhamet Ndiongue
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