La riposte marocaine au Covid-19 décortiquée par le PCNS
Le Maroc est en état de crise sanitaire depuis la mi-mars, et la population confinée depuis le 20 du même mois. Cela a bien évidemment des conséquences économiques, sociales et aussi sanitaires, mais on n’en connaît pas encore l’étendue. Le think tank Policy Center for the New South (PCNS) vient de publier à cet effet un document détaillé sur « la stratégie du Maroc face au Covid-19 ».
Le document de 33 pages est corédigé par plusieurs chercheurs et/ou universitaires, chacun dans sa spécialité, mais tous se situent en surplomb de l’actualité nationale pour décrire les risques et les réactions, et aussi introduire discrètement des notions qui n’ont pas nécessairement été ainsi vues par les politiques en charge de la réaction politique. Qui sont les auteurs du document ? Abdelaaziz Ait Ali, Abdelhak Bassou, M’hammed Dryef, Karim El Aynaoui, Rachid El Houdaigui, Youssef El Jai, Faiçal Hossaini, Larabi Jaidi, Mohamed Loulichki, El Mostafa Rezrazi, Abdallah Saaf… des économistes, donc, des spécialistes de la chose militaire, des anciens hauts-fonctionnaires de la diplomatie ou de la gestion territoriale, des spécialistes des situations de crise…
La rédaction mutualisée du document permet ainsi une vision à 360° de la crise, avec l’examen de tous les risques d’un côté, des mesures prises de l’autre, et des indications sur les potentiels obstacles rencontrés ou susceptibles d’être rencontrés par les politiques publiques initiées.
Ainsi, par exemple, pour introduire ses concepts, le PCNS explique que la création et l’usage fait de l’argent mobilisé par le fonds Covid-19 est une « mutualisation des risques (…) à travers une conscience de l’interdépendance des différents secteurs qui seront tous affectés, directement ou indirectement ». Concernant l’implication de l’armée dans le dispositif sanitaire, ou sécuritaire, le think tank voit dans cette mission « une modernisation de la politique de défense, pour la sortir du seul champ militaire et la rapprocher de l’action civile ». Ou encore, pour ce qui est de la riposte financière du gouvernement, le PCNS explique cela par « la capacité à mobiliser des solutions digitales pour répondre à la détresse sociale et assurer la continuité de l’éducation ».
Dans ce document mis en ligne (et téléchargeable) sur son site, le PCNS scinde les réactions du gouvernement marocain en trois grandes parties, la réponse sanitaire, puis la riposte économique et enfin la préservation de l’ordre social, l’intitulé de chaque partie reflétant avec précision la nature de la réaction. Mais attention, cela n’est pas pour autant un rapport dithyrambique de la politique publique. Comme il le précise si bien dans son introduction, le PCNS « revient sur la démarche des autorités, les moyens mis en œuvre et les écueils rencontrés », mais n’est nullement une analyse au ton optimisme béat, sans pour autant verser dans une critique au « nihilisme obscur ».
Le document se conclut par un constat sur la difficulté d’avoir une perspective globale de la crise et ses répercussions à ce niveau, bien que « la gestion du Maroc (ait) révélé des atouts indéniables de l’Etat », mais est également marquée par « l’absence d’automatisme dans l’action de l’Etat et dans la réponse de la société ».
Aziz Boucetta
Commentaires