[Entretien]: Loulichki (PCNS) appelle à  la volonté politique des Etats pour  réformer l’ONU

[Entretien]: Loulichki (PCNS) appelle à la volonté politique des Etats pour réformer l’ONU

Aujourd'hui, le monde célèbre le 75e anniversaire de la création de l'Organisation des Nations unies (ONU).

Cette célébration intervient dans un contexte dominé par l’impact socio-économique de la pandémie Covid-19 et marqué par un recul inquiétant du multilatéralisme et par une fragilisation rampante de ses Institutions les plus représentatives.

A cette occasion, le Policy Center a publié une interview de Mohammed Loulichki*, Expert au Policy Center For The New South et ancien Ambassadeur du royaume du Maroc auprès de l'ONU.

Au vu des assauts contre le multilatéralisme y a -t-il encore une place pour l’ONU ?

C’est un fait que le multilatéralisme enregistre un recul durant les dernières années. Mais ce n’est pas la première fois. L’émergence de nouvelles puissances à bouscule le statu quo établi depuis la fin de la Guerre froide et provoque une tentative de rééquilibrage de l’ordre mondial. Les Organisations internationales, à commencer par l’ONU, subissent le contrecoup de cette mutation et connaissent une crise de représentativité, de légitimité et de performance. Les défis globaux auxquels la Communauté internationale doit faire face (Développement, Sécurité, terrorisme, Changement climatique...) , nécessitent , de par leur ampleur et leur caractère transnational, un effort concerté , solidaire et soutenu . L’ONU, malgré ses imperfections et les contraintes qu’elle doit gérer demeure un outil irremplaçable et moins coûteux pour faciliter et coordonner l’action internationale. La volonté politique de ses Etats membres demeure la condition préalable pour  réformer l'Organisation mondiale et améliorer son  efficacité.

En quoi l’ONU peut-elle continuer à être utile ?

A sa création en 1945, l’ONU a reçu pour mandat d’œuvrer au maintien de la paix, au développement de la coopération internationale et à la promotion et à la protection des droits humains. Bien que mitigé, le bilan de 75 ans de l’Organisation demeure plutôt positif au regard de la modicité des moyens mis a sa disposition  et du jeu d’influence qui s’y développe et qui freine son élan. Si historiquement, l’Organisation a joué un rôle déterminant pour parachever le processus de décolonisation et mettre fin a l’Apartheid particulièrement en Afrique, elle se trouve aujourd’hui confronte a d’autres défis tels que le terrorisme et le changement climatique qui vienne s’ajouter aux défis  sécuritaire, alimentaire, sanitaire et autres contre lesquels et le doit mobiliser la Communauté internationale .

Que faut-il faire pour rendre l’organisation plus crédible et plus légitime ?

La crédibilité est toujours mesurée par l’attachement de l’ONU aux principes cardinaux  de sa Charte , la marge de manœuvre qui lui est laissée par ses membres et  les moyens d’action qu’elle est en mesure de mobiliser pour atteindre ses objectifs . Aujourd’hui , l’ONU , particulièrement son Conseil de sécurité, est la cible de critiques et de reproches pour la non résorption des conflits en Afrique et ailleurs , son rôle marginale en matière de développement et  son incapacité à faire prévaloir les aspirations de la Communauté internationale sur la volonté des plus puissants . Quant à la légitimité de l’Organisation elle est intimement liée à l’adaptation de l’Organisation aux changements aux nouvelles réalités internationales en termes de réforme du Conseil de sécurité, de rétablissement de la centralité du partenariat pour le  développement et de préservation de notre environnement.

 

* Mohammed Loulichki est Senior Fellow au Policy Center for the New South, anciennement connu sous le nom de OCP Policy Center, qui se concentre sur la diplomatie, la résolution des conflits et les droits de l'homme. Il possède une vaste expérience de 40 ans dans la diplomatie et les affaires juridiques. Il a notamment assumé les fonctions de chef du Département des affaires juridiques et des traités au Ministère des affaires étrangères. Il a également été Ambassadeur du Maroc en Hongrie, Bosnie - Herzégovine et Croatie (1995-1999), Ambassadeur Coordonnateur du Gouvernement du Maroc auprès de la MINURSO (1999 - 2001), Ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies à Genève (2006-2008) et New York (2001-2003 et 2008-2014), ainsi que Président du Conseil de sécurité (décembre 2014).

M. Loulichki a été nommé Président du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité (2013), Président du Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix (2012), Vice-Président du Conseil des droits de l'homme (2006), Facilitateur de la Période universelle Bilan dudit Conseil (2006 et 2010) et Président du Comité National chargé du suivi des questions nucléaires (2003-2006).

Commentaires