11 mesures pour un système éducatif de qualité mondiale au Maroc, par Othmane Alaoui

11 mesures pour un système éducatif de qualité mondiale au Maroc, par Othmane Alaoui

Quatre constats sur la situation actuelle

- Depuis l’Indépendance, nous avons gagné le combat quantitatif mais perdu le combat qualitatif.

- Nous avons délaissé le monde rural.

- Nous consacrons assez d’argent au secteur éducatif.

- Il existe un écart de qualité très important entre les établissements publics sélectifs et privés d’une part et les établissements publics non sélectifs d’autre part.

Objectifs de la réforme

- Améliorer la qualité du système éducatif en 30 ans pour le hisser au niveau des pays de l’OCDE.

- Former des cadres en quantité et en qualité suffisantes.

 Moyens

- Augmenter le budget du Ministère de l’Education Nationale de 27 % soit 8.5% du PIB.

- Augmenter le budget du Ministère de l’Enseignement Supérieur de 67 % soit 2.5% du PIB.

- Budget additionnel : environ 15 milliards de Dirhams par an.

Comment financer ?

Il faudra réaffecter 15 milliards de dirhams par an économisés de la Caisse de Compensation au financement de la réforme du système éducatif, afin de procurer aux citoyens en général et à la classe moyenne en particulier les moyens d’une ascension sociale par une éducation de qualité.

11 mesures à prendre

 1/ Mise en place d’un outil de mise œuvre (Agence Nationale de Réglementation de l’Education) afin de passer d’une gestion politique de l’Education à une gestion managériale et technocratique.

2/ Abolition de la carte scolaire afin que chaque apprenant puisse choisir librement l’établissement éducatif où il désire étudier.

3/ Mise en gestion de l’ensemble du réseau éducatif par des entrepreneurs en éducation afin de faire bénéficier l’ensemble des établissements éducatifs d’un management moderne qui fixe des objectifs, donne les moyens de les réaliser, contrôle par la suite, récompense en cas de succès et corrige en cas d’échec. 

4/Maintien du statut des fonctionnaires employés dans les établissements éducatifs afin de rassurer les fonctionnaires sur leurs acquis sociaux.

5/ Distribution à tous les apprenants d’une carte de crédit biométrique comprenant la dotation étatique annuelle: (préscolaire: 5.000 Dhs, primaire: 7.000 Dhs, secondaire: 8.500 Dhs, formation professionnelle: 17.000 Dhs, 1er et 2ème cycle universitaire: 22.000 Dhs, 3ème cycle universitaire: 25.000 Dhs).

6/ Allégement des programmes et publication au Bulletin Officiel du programme de chaque niveau: focaliser sur les fondamentaux, avoir une transparence totale sur les exigences demandées aux apprenants et aux formateurs afin de pouvoir évaluer objectivement la transmission et l’acquisition de ces compétences.

7/ Mise en place d’examens nationaux de passage, pour tous les niveaux, de l’école primaire jusqu’au doctorat sous forme de Questionnaires à Choix Multiples: obtenir une égalité totale entre tous les apprenants du Royaume qui subissent tous les mêmes épreuves et avoir une totale transparence sur la qualité des apprentissages.

8/ Mise en place et publication annuelle d’indicateurs de performance afin d’évaluer précisément chaque année les résultats du système éducatif  pour le piloter au mieux. Ces indicateurs comprendront pour chaque établissement les taux de réussite  ainsi que les salaires moyens à la sortie pour l'enseignement supérieur et technique.

9/ Elaboration de contrats programmes public/privéafin de drainer les investissements massifs nécessaires à la réalisation des nouveaux établissements éducatifs et à la rénovation des anciens

10/ Mise en place de primes au mérite pour les meilleurs apprenants, formateurs et gestionnaires afin de stimuler la productivité de tous les maillons de la chaine de l'enseignement

11/ Rendre l’école maternelle obligatoire afin de gommer dès le plus jeune âge les différences inhérentes aux inégalités sociales et culturelles

Adéquation formation/emploi

Il est essentiel que l’amélioration de la qualité du système éducatif s’accompagne d’une insertion optimale des diplômés dans le marché du travail.

Cette insertion optimale se fera grâce aux indicateurs de performance des établissements éducatifs supérieurs publiés chaque année (taux de satisfaction global des diplômés, taux de placement, salaires moyens à la sortie des lauréats).

Les établissements mis en concurrence devront donc améliorer leurs indicateurs de performance afin de drainer et de fidéliser ces apprenants.

Pour améliorer leurs indicateurs, ces établissement éducatifs seront à l’écoute du marché afin d’investir les créneaux où il existe aujourd’hui un manque de diplômés, puis demain les créneaux du futur qu’il sera vital pour ces établissements d’investir afin d’obtenir et de garder un avantage concurrentiel.

Les futurs étudiants ou stagiaires porteront naturellement leurs choix sur les établissements avec les indicateurs les plus hauts de réussite et d’insertion professionnelle, et l’amélioration du système éducatif au niveau de la formation ira donc de pair avec l’amélioration des taux d’insertion des jeunes diplômés.

Intérêt pour la communauté et pour les investisseurs

En confiant la gestion des établissements éducatifs au secteur privé et en donnant à chaque apprenant un budget égal, on réalise en même temps :

  • Egalité car on met les citoyens en position d’égal à égal entre eux en fournissant à tous les citoyens le même budget et le choix entre tous les établissements éducatifs.
  • Qualité car on met le citoyen en position de force par rapport aux entreprises du secteur éducatif qui seront mises en concurrence entre elles. 
  • La loi de l’offre et de la demande améliorera très rapidement la qualité de l’éducation.
  • Pour sécuriser au maximum leurs investissements, les gestionnaires créeront une réelle industrie de l’éducation avec ses procédures, ses critères de qualité et de contrôle.
  • Ils procéderont à la segmentation du marché et offriront des produits éducatifs de plus en plus élaborés et de plus en personnalisés. Cela permettra d’enrichir l’offre éducative et de repérer les talents qui restent souvent méconnus dans le système éducatif actuel.
  • L’éducation dans les campagnes même les plus reculées sera assurée car il représentera un marché vaste et peu concurrentiel pour ces entrepreneurs.
  • Les gestionnaires des établissements éducatifs mettront donc tous les moyens humains (cours à domicile, e-Learning) et matériels (bus scolaire, aménagement des horaires) à la disposition de la jeune fille et du jeune garçon du monde rural pour qu’ils viennent dépenser leurs 5.000, 7.000 ou 8.500 Dirhams annuels dans leurs établissements.
  • Les établissements éducatifs auront tout intérêt à lutter contre l’abandon scolaire, car il représentera un manque à gagner pour eux.
  • Les établissements éducatifs devront donc convaincre les apprenants pour qu’ils viennent dépenser leur argent chez eux, et feront tout pour qu’ils dépensent cet argent pendant la  durée la plus longue possible, luttant ainsi directement contre l’abandon scolaire.
  • Intérêt pour les investisseurs :
    • Un marché énorme: 80 Milliards de Dirhams.
    • Un marche pérenne: il y’aura toujours des apprenants et toujours une dotation étatique.
    • Un marché à fort potentiel, qui pourrait facilement atteindre 200 milliards de Dirhams à terme (exemple de secteurs qui ont été libéralisés ou mieux gérés et qui ont multipliés leur chiffre d’affaire par 2 ou 3: télécommunications, transport aérien, transport ferroviaire)
    • Une marge nette moyenne comprise entre 6 et 9 %.

Conclusion

Nous rejoindrons dans 30 ans le niveau des pays développés si nous entreprenons dés aujourd’hui des réformes judicieuses, audacieuses et acceptées par la majorité de la société.

Pour ce faire, il faudra réunir un large consensus en expliquant de manière didactique et patiente comment cette réforme pourrait faire faire un bond en avant à l’éducation en particulier et au Maroc en général.

Commentaires