Zoom n°30 : Moins d’Etat, mieux d’Etat !
Avec une politique axée sur le social en 2020, il semble clair que le chef du gouvernement Saadeddine Elotmani veut faire de l’Etat providence son nouveau paradigme socio-économique. Plusieurs raisons peuvent pousser le gouvernement à agir ainsi, soit étouffer la tension sociale, qui depuis le boycott est en latence, ou montrer un nouveau visage en perspective des prochaines joutes électorales.
Quoique le débat sur l'État providence et la politique sociale ne semble pas susciter des embûches éthiques... La prochaine loi de finances qui n’a souffert de presqu'aucun amendement ou critique des alliés de la majorité et par ricochet adversaires politiques (le temps d'un week-end), devrait cependant être l’occasion de s’entendre sur certains principes éthiques qui doivent s’appliquer au discours sociopolitique. Même ceux qui sont fermement convaincus de défendre l'État-providence, contrairement à leurs intentions, contribuent à l'affaiblir. Cela vaut pour les politiciens, les représentants d'organisations sociales ...
Il ne fait aucun doute qu'un débat critique sur l'État providence est nécessaire, notamment ses opportunités et ses limites. Mais il y a une critique de l'État providence qui dépasse les acteurs. Et beaucoup travaille avec la suspicion que l'État providence n'aide pas souvent à endiguer le mal, donc l'inefficacité. D’ailleurs, il est également préjudiciable de susciter des attentes qu’une politique sociale soumise à des conditions restrictives ne pourra jamais être remplie. Cela aussi génère de nouvelles déceptions et les tensions en latence risquent de se réveiller tel un volcan. C’est une course sur une corde raide, le débat sur l’Etat providence, car les hommes politiques élus démocratiquement ne se soucient pas toujours des intérêts du peuple. Un discours sur les pièges éthiques dans le débat sociopolitique est nécessaire.
Un discours rationnel qui nécessite une compréhension suffisante par tous des mécanismes d’impact de la politique sociale.. D’ailleurs, on se souviendra du dialogue social, qui ne finit toujours pas, des Assises sur la fiscalité, de la culture et du roadshow du ministre de Finances auprès des organisations socioprofessionnelles, sans compter les nombreuses demandes émanant d'organisations sociales, issues du cercle des déficits du système d'aide. Toutes ces organisations auraient dû accroître la complexité des systèmes d'aide - dans la mesure où elles ont été entendues. De plus, entre la simplicité des systèmes et leur résilience financière, il existe généralement un conflit d'objectifs.
L’État providence selon l’économiste autrichien Friedrich Hayek est définitivement un « État providence étroit ». « Il utilise les ressources avec parcimonie et laisse beaucoup de liberté aux citoyens. Il essaie de ne pas réglementer, mais d'intervenir de manière protectrice, là où il y a des gens qui ne peuvent vraiment pas prendre soin d'eux-mêmes ». Pourtant dans les systèmes anglo-saxons, les États-providence sont généralement moins développés. Ils fournissent seulement une très petite haie de protection. Ces États-providence souffrent d'autres problèmes: parfois, il existe de très grandes différences dans l'accès à l'État-providence, de sorte qu'il est beaucoup plus difficile pour certains citoyens d'obtenir des avantages de l'État; et puis là aussi, les États-providence sont assez réguliers en la matière, ce qui est aussi un autre problème.
Mouhamet Ndiongue
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