Zoom n° 37 : La crise comme levier de surveillance et de contrôle
Partout dans le monde, les pays démocratiques démantèlent les droits fondamentaux pour lutter contre le coronavirus. Pour certains gouvernements, cela n’est que mesures « provisoires » en attendant la fin de « la guerre ».
Le coronavirus, c’est aussi la prolifération de fake news. Face à un flut d’information et de désinformation, chacun y va de son interprétation occasionnant ainsi un flot de fake news et de contre vérité. Souvent la justice sévit et des peines de prisons sont prononcées. On est en guerre.
Pour autant, les gouvernements du monde entier tentent actuellement de trouver la bonne réponse à la pandémie et là aussi, les moyens sont différents. Certains dirigeants semblent profiter de l'occasion pour garantir leur pouvoir et faire taire leurs détracteurs c’est le cas de Donald Trump, Viktor Orbán et Jair Bolsorano, plutôt que de s'attaquer à la crise sanitaire actuelle par des moyens démocratiques. En Chine, on assiste à la chasse des lanceurs d’alertes et à tous ceux qui contredisent la vérité du régime communiste
La situation en Israël n'est pas différente de cela: l’autre allier de Donald Trump, le Premier ministre Benjamin Netanyahu utilise des mesures excessives et draconiennes hautement invasives que son pays utilise dans la lutte contre le terrorisme. Le renseignement national israélien est autorisé, entre autres, à suivre tous les téléphones portables du pays sans anonymiser les données au préalable. L'objectif est de vérifier le respect de la quarantaine et, si nécessaire, de suivre les chaînes d'infection.
Dans de nombreux pays, des militants, des politiques et d’autres organisations alertent sur les pratiques liberticides au nom de la sécurité sanitaire, et appellent à la vigilance. Ils craignent que les mesures d'urgence, prises partout, restent installées de manière permanente. Plus de surveillance et plus de contrôle pourraient remplacer les réglementations précédentes légitimées par la crise, mais au-delà de leurs délais, préviennent des défenseurs de libertés.
Néanmoins, la crainte d'une surveillance gouvernementale persiste chez de nombreuses personnes. Si l'application de suivi prévue doit être acceptée par une large masse, il doit être clairement garanti légalement que d'autres données ne peuvent pas être lues secrètement ou que les informations stockées pourraient être utilisées à d'autres fins à l'avenir - pas même pour la police et les procureurs. Pour ce faire, l'application de suivi devrait être retirée immédiatement après la fin de la pandémie et toutes les données enregistrées supprimées.
Rien ne garantit qu'une surveillance rigoureuse soit la solution, au contraire, c’est une stratégie qui pourrait exacerber la colère et faire monter la tension dans une période de rupture totale de confiance entre les gouvernements et leurs citoyens. Les récentes montées de protestations dans plusieurs villes du monde avant la crise de la Covid-19 ont suffisamment démontré qu’un grand affrontement est en gestation et que tout converge vers cette crise.
Au cours des dernières semaines, nous avons été privés de nos libertés à un rythme impressionnant et à un degré qui semblait impossible il y a quelques semaines.
Le monde sera bien différent après le coronavirus et il n'est pas encore clair si nous retrouverons pleinement nos libertés.
Les dangers de l'avenir peuvent être devinés lorsque la surveillance et les mesures coercitives que nous vivons n'étaient connues que des romans de science-fiction dystopiques ou des pays totalitaires.
Nous avons pensé que pour prévenir les menaces pour la santé à l'avenir, il est nécessaire d'abandonner les droits civils élémentaires. Mais Benjamin Franklin savait déjà: « Ceux qui renoncent à la liberté pour gagner en sécurité perdront les deux à la fin. »
Mouhamet Ndiongue
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