Abdellatif El Ansari : « Le désenclavement de Drâa-Tafilalet est une nécessité nationale »

Abdellatif El Ansari : « Le désenclavement de Drâa-Tafilalet est une nécessité nationale »

Entourée des régions de Fès-Meknès et de Béni Mellal-Khénifra au Nord, de l’Oriental à l’Est et de Marrakech-Safi et Souss-Massa à l’Ouest, la région de Drâa-Tafilalet est l’une des plus enclavées du Royaume du fait du dernier découpage administratif. Pourtant, ses atouts minier, énergétique et agricole sont intarissables. Abdellatif El Ansari, Président fondateur de la CGEM Draa-Tafilalet depuis Février 2016 et membre istiqlalien de la chambre des conseillers, livre son diagnostic.

M. Hro Abrou du RNI a été élu, le 20 septembre 2021, président du conseil de la région Drâa-Tafilalet. Quels types de relations entretenez-vous avec lui ?

C’est un ami de longue date. Je le connais depuis les années 90. En principe, nous devrions avoir beaucoup d’aisance à communiquer, et surtout à coopérer au niveau local et régional. Dans tous les cas, j’estime que les ambitions de l’homme sont à la hauteur des exigences de notre région.

La chambre des conseillers incarne aujourd’hui les voix socio-économiques du pays et possède une assise territoriale plus marquée. Est-ce que les citoyens marocains entendront plus parler de leurs régions à l’avenir ?

J’ai été élu en tant que conseiller à la deuxième chambre portant les couleurs de l’Istiqlal. Le parti une politique très claire concernant la régionalisation avancée. Toute participation aux travaux de la chambre des conseillers doit abonder dans ce sens. Je m’y inscris totalement et je m’y déploierais. L’Istiqlal a toujours souhaité être le porte-voix des régions et c’est le rôle majeur des conseillers. Je pense que les marocains seront très satisfaits en constatant que nous parlons de leurs régions. C’est une demande qu’ils ont formulé à maintes reprises. Je vais travailler main dans la main avec les membres de notre groupe parlementaire et faire valoir les choix du parti. Je compte également collaborer avec les autorités locales et grâce à ma double casquette, entrepreneuriale et politique, je suis à même de couvrir les différentes préoccupations de mes concitoyens.

Comment comptez-vous faire entendre la voix du patronat de Drâa-Tafilalet auprès des autorités locales et auprès de conseillers du parlement ?

Je pense que la CGEM-région est un partenaire incontournable pour les autorités locales, le conseil régional d’investissement, et les instances élus. Pour faire entendre notre voix, nous avons toujours tablé sur le comité national de l’environnement des affaires. Je pense que c’est le cadre le plus adéquat pour parler de l’entreprise et promouvoir ses droits. Le comité régional qui en découle a été matérialisé par une charte signée lors du conseil national de l’entreprise à Errachidia. J’en ai convaincu Madame Bensalah que je salue pour sa présidence de grande de qualité. Malheureusement, l’ex conseil de la région était totalement absent. Il n’y avait aucune implication claire de sa part.

Quelles sont les secteurs porteurs pouvant attirer des investissements d’autres régions du Maroc ou des investissements directs étrangers ?

Les potentialités de la région sont très importantes à mes yeux. Je peux évoquer le secteur minier. La région Drâa-Tafilalet occupe une part très importante en la matière l’échelle nationale. Elle concentre 40 % des permis d’exploitation de mines au Maroc, hors phosphate. C’est un secteur qui peut drainer des investissements colossaux des autres régions ou de l’étranger. On a aussi le secteur du tourisme. Ici, le potentiel est sous exploité. Au niveau de l’agriculture, nous sommes connus pour nos pommiers, nos palmiers, nos dattiers, mais aussi pour des produits comme le safran, le cumin et d’autres variétés. Bien évidemment, ces dernières années, c’est aussi le secteur des énergies renouvelables qui a donné à notre région une aura internationale avec la centrale solaire Noor de Ouarzazate et la station Noor de Midelt. Nous devrions même créer un label-région d’énergies renouvelables. Si on arrive à travailler de manière intelligente et à innover, nous pourrions créer un écosystème qui bénéficierait de l’existence de ces grandes stations,  et dont les bénéfices rejailliront sur les autres secteurs porteurs de la région.

C’est en 2016 que vous avez été élu, à l’unanimité comme président régional de la CGEM Draa Tafilalet. Quels sont aujourd’hui vos chantiers prioritaires ?

Le chantier prioritaire reste le désenclavement. C’est un handicap majeur pour notre région. Je ne cesse de le répéter. Rien ne peut se faire sans ce désenclavement. Il faut absolument que ce soit fait à tous les niveaux : Au niveau du réseau autoroutier ou par les voies express entre Meknès et Errachidia , Errachidia-Ouarzazate , Ouarzazate-Taroudant et par le tunnel de Tizi n’Tichka entre Ouarzazate et Marrakech. Il est nécessaire également de relier la région au réseau ferroviaire. Il est inconcevable qu’une région comme la nôtre qui regorge de potentialités minières très importantes en soit privée. Par ailleurs, l’aérien reste, à court terme, une solution nécessaire sur laquelle il faudrait se pencher. Je vais personnellement y œuvrer. L’ouverture des trois aéroports de la région Errachidia , Ouarzazate et Zagoura va tout changer. De plus, cela demande beaucoup moins de budget qu’un désenclavement autoroutier ou ferroviaire.

Pourquoi est-ce que la gouvernance locale de la CGEM dans la région ne fait pas suffisamment parler d’elle ?

Il existe des raisons objectives à cela. D’abord, l’enclavement de la région dont je vous ai longuement parlé , mais aussi et surtout le fait qu’on parle ici d’une nouvelle région en terme de découpage fondée sur la base de deux ex-régions. : La région Souss-Massa-Drâa , avec Ouarzazate Tinghir et Zagoura et la région Meknès-Tafilalet avec Midelt et d’Errachidia. Les 5 provinces étaient les plus démunies de leurs régions. Et c’est ce que nous avons récupéré. Le nombre d’adhérents à Drâa-Tafilalet n’est pas très important et nous manquons de compétences, sans parler de l’absence de visibilité médiatique et du manque d’engagement de l’élite politique en faveur de régions comme la nôtre.

Où en êtes-vous de la déclinaison régionale des Conventions syndicales signées au niveau national, un des chantiers que vous avez identifié comme prioritaire il y ‘a quelques années ?

Vu l’étroitesse du tissu économique de la région et l’absence de grandes entreprises avec des effectifs très importants, la déclinaison de ces conventions ne se pose presque pas ! Cela dit, on sent que syndicats et patronat sont motivés pour préserver les emplois au niveau régional.

Quels sont vos ambitions pour la région Drâa-Tafilalet et comment envisagez-vous son avenir, sachant qu’on parle ici d’une région très enclavée ?

Je ne cesserai de le répéter : Le désenclavement. C’est une nécessité nationale. L’accès à la région profitera à toutes les autres. Avec le nouveau président du conseil de la région, nous comptons porter le dossier à Rabat. Nous devons avoir le maximum d’accessibilité possible et multiplier, au niveau aérien, le nombre de lignes… Si rien n’est fait, notre contribution au PIB national  ne dépassera jamais les 2.6 %. C’est très en deçà du potentiel de la région. Tous les acteurs sont responsables : Les chambres professionnelles, le parlement, la CGEM, et toutes les instances élues.

Propos recueillis par Sofia El.

 

 

 

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